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  • Roch WAMYTAN
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie

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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 21:58

Drapeau FLNKS dit drapeau KanakyMotion de censure, déposée par Calédonie Ensemble

(Intervention de R. WAMYTAN, signataire FLNKS de l’Accord de Nouméa)

1er vice président du Congrés Congrès de la Nouvelle Calédonie, vendredi 21 décembre 2012.

Merci Mr le Président,

            Le 5 décembre 2012, à la veille de la réunion du Comité des signataires, notre délégation, UC/FLNKS faisait parvenir une lettre au Premier ministre français qui précisait ceci: « les accords de Matignon/Oudinot et de Nouméa ont été conclus avec des hommes de conviction qui avaient une vision ouverte et imaginative de l’avenir… des hommes soucieux de s’attaquer aux origines de leur confrontation, a savoir un système et une société hérités de la colonisation ». De même, nous lui faisions part, de nos préoccupations et inquiétudes portées sur la construction du vivre ensemble et de  la capacité de nous projeter dans un avenir commun.

           

           Deux semaines plus tard nous voilà replongés, avec cette motion de censure, dans la continuité d’une guérilla née avec d’une part la montée du drapeau  indépendantiste (juillet 2010), la chute du gouvernement GOMES en février 2011, et d’autre part la mise en place du gouvernement Martin et l’élection d’un indépendantiste kanak à la présidence du congrès à partir d’une majorité indépendantiste et non indépendantiste. Tout cela, se trouvait boosté par le résultat des élections législatives de juin 2012, habilement interprété par P. GOMES comme faisant de son parti Calédonie Ensemble le premier parti calédonien, ce qui est évidemment archi faux puisque le corps electoral qui s’est exprimé lors de ces élections est un corps électoral « national français » et non « calédonien ».

         

         En considérant la réaction des uns et des autres après une « défaite » et la perte du pouvoir, on peut se poser la question sur la portée du titre d’un livre paru en France : « ces malades qui nous gouvernent ». En tout cas il nous faut sérieusement nous interroger sur la manière de faire la politique dans notre pays. En toute franchise et dans un esprit de bon sens, il est difficile d’ admettre que certains  en fassent tout un foin et remuent ciel et terre si ce n’est à tuer père et mère du fait d’avoir perdu le pouvoir. Où est l’esprit de tolérance d’humilité et de respect, de nos différents accords.

           

           On ne peut pas en même temps refuser l’exercice de certaines fonctions gouvernementales et s’attribuer par ailleurs de façon systématique la paternité de toutes les avancées positives, vouant aux hégémonies les personnes en responsabilité lorsque les dossiers n’avancent pas du fait même de blocages permanents bien pensés, planifiés, organisés. On ne peut pas à longueur de mois, jouer au pyromane pompier, mener des campagnes populistes et mensongères, réveiller les vieilles peurs et les haines entre communautés. On ne peut pas continuer à jouer éternellement à l’arbitre ou Mr la morale, distribuant des bons et mauvais points aux  véritables acteurs du  jeu institutionnel.

       

             De notre point de vue, cette façon de faire la politique peut être extrêmement dangereuse pour la paix en Nouvelle Calédonie car c’est le signe que certains se battent  uniquement pour le pouvoir au détriment de l’intérêt du citoyen et du pays. Et cela nous ne pouvons l’admettre.

           

            Permettez moi de vous rappeler quelques données fondamentales : ce pays est d’abord et avant tout le pays du peuple  kanak mélanésien, il en a pas d’autre dans le monde. Dieu a placé ce peuple ici en Océanie et ce peuple revendique cette terre comme sa terre d’origine. Même s’il a vécu une  histoire coloniale difficile, et qu’il a été rendu minoritaire par une volonté délibérée de l’Etat colonisateur, il garde sa légitimité que lui garantie le droit international en tant que peuple autochtone colonisé. C’est ce droit là que nous revendiquons, et absolument pas le droit des minorités qui ne peut s’appliquer à nous peuple kanak. Le peuple kanak relève d’une nature juridique autre avec des droits et des devoirs différents que les autres communautés arrivées sur sa terre par l’histoire.  Ainsi c’est le droit de peuple autochtone colonisé, reconnu par les nations unies qui nous ouvre le chemin vers  l’autodétermination et  l’indépendance.

           

            Par les accords de Matignon et Nouméa,  conclus entre calédoniens de conviction, dotés d’une vision imaginative, il fut enfin décidé de s’attaquer aux racines du mal qui rongeaient la Nouvelle Calédonie : la marginalisation du kanak dans une société héritée de la colonisation, une société enfermée dans ses certitudes surannées, incapable de se remettre en cause et de s’adapter à un monde qui avait profondément évolué depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ces accords prévoyaient un mécanisme de rééquilibrage et un processus d’accession la pleine souveraineté. Ils entamaient un processus de décolonisation et d’émancipation au bout duquel il était donné comme option la construction d’un vivre ensemble et un avenir commun par l’émergence d’une conscience commune d’appartenir à un pays en devenir, dans un réseau de relation avec sa région océanienne naturelle.

           

            Nous vous sollicitons, vous les représentants des partis non indépendantistes, partenaires des accords, de revenir à un esprit de responsabilité, de conviction,  d’implication loyale, et de faire preuve de vision pour imaginer ce qu’il conviendra demain pour nos populations et nos enfants . Il nous faut ensemble poursuivre les réformes pour que le kanak soit bien chez lui avec les autres et non mal chez lui à cause des autres. Tant que certaines de vos actions tenteront de marginaliser le kanak, ce pays n’ira pas bien, tant que vous continuerez à vous entretuer pour le pouvoir, ce pays aura peur, sa peur contribuera à paralyser et neutraliser toute tentative de trouver la solution d’avenir. Tant que vous nous maintiendrez  dans le feu croisé de vos luttes incessantes, toute action à long terme sera vouée à l’échec.

           

            Si vous estimez maintenant que la donne fondamentale que je viens de rapeller a changé, que vous partenaire des accords vous n’en tenez plus compte et que désormais c’est la majorité numérique qui doit écraser la minorité,  que nous sommes désormais dans une logique majoritaire qui doit à chaque fois dicter sa loi sur la légitimité du peuple kanak, alors  je vous dis attention, « casse cou » comme le répètait Jean Marie TJIBAOU en d’autre temps lorsque le ministre de l’outre mer Bernard PONS commençait son travail de sape du statut FABIUS-PISANI, démarche qui s’est lamentablement fracassée contre la grotte d’Ouvéa en mai 1988.

 

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