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  • Roch WAMYTAN
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie

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Citoyenneté calédonienne socle du destin commun
Présentation d'une loi de pays proposant le drapeau du FLNKS comme drapeau du Pays                   
   
Bilan des déplacements dans la région du président du Congrès (coopération interparlementaire)         
       

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 18:46

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 23:54

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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 08:17

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Retranscription "mot à mot" RNC1ère

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Pour en débattre, 5 invités :

- Sonia Backès, tête de liste en province Sud de l’UCF

- Philippe Gomès, membre de la direction collégiale de Calédonie Ensemble

- Thierry Santa, secrétaire général du Rassemblement

- Roch Wamytan, tête de liste désignée par l’UC dans le Sud

- Charles Washetine, porte-parole du Palika

 

Comment les indépendantistes envisagent-ils la pleine souveraineté ? Quelles sont les différences entre les projets des partisans de la Nouvelle-Calédonie dans la France ? Qui sera citoyen calédonien ? Peut-on envisager la double nationalité ? Quelle place pour le dialogue et qui sera invité à la table des discussions ?

Journaliste : "C'est-à-dire" consacré, en ce début de campagne provinciale à l'avenir institutionnel, entre France et indépendance, quelle Calédonie pour demain ? Voici l'une des questions qui sera probablement dans les têtes, voire dans les cœurs des quelques 140 mille électeurs appelés à voter le 11 mai prochain. Quelles sont les projets des uns et des autres au-delà des grands principes, qui sera citoyen calédonien demain, peut-on envisager la double nationalité, quel dialogue possible en cette période de campagne, parfois acerbe. Pour débattre et tenter de répondre à ces questions de plus en plus présentes, cinq invités, Sonia Backes, tête de liste UCF en province Sud, Philippe Gomès, membre de la direction collégiale de Calédonie ensemble, Thierry Santa, secrétaire général du Rassemblement, Rock Wamytan, tête de liste désigné par l'UC dans le Sud, et Charles Washetine, porte-parole du Palika. Merci à tous les cinq d'avoir accepté ce débat sur la 1ère ce midi. Si beaucoup reste à préciser sur cet avenir institutionnel, la mission qui a été dépêchée par l'État a déjà balisé un petit peu le terrain et dessiné quatre configurations possibles, laquelle de ces options est la plus proche de vos projets aux uns et aux autres. Charles Washetine :

 

Charles Washetine : Sans difficulté, je dirais que c'est la première puisque c'est le combat que porte le Palika depuis sa création. Le Palika a vocation à amener ce pays, avec les autres, évidemment en tenant compte de l'histoire, à l'indépendance du pays. Donc, c'est bien la première option sur laquelle on est.

 

Journaliste : Rock Wamytan, vous vous retrouvez dans cette indépendance finalement la plus maximaliste que veut le Palika ?

 

Rock Wamytan : L'UC a toujours défendu l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, à partir du moment où le peuple kanak a été colonisé par un État européen, en l'occurrence la France, que c'est un droit garanti par les Nations unies, donc, l'UC a toujours combattu et œuvré pour que la Nouvelle-Calédonie retrouve sa liberté, sa dignité, sa souveraineté au sein des nations du Pacifique.

 

Journaliste : Donc, je précise quand même, ça veut dire qu'on est dans une souveraineté, où la relation à la France est la plus minime possible, Rock Wamytan :

 

Rock Wamytan : Non, elle n'est pas minime, nous avons quand même une histoire commune avec la France qui date déjà depuis 160 ans quand même, puisque nous allons arriver au 24 septembre prochain à 160 ans de présence française. Nous avons eu une histoire commune, nous partageons des valeurs communes, une culture, la langue, donc, tout cela ne peut s'effacer du jour au lendemain. Donc, ça veut dire que la relation entre la Nouvelle-Calédonie, ou la future Nouvelle-Calédonie et son ancienne puissance coloniale sera à définir. Mais de toute façon, le lien restera. À nous de définir quel sera ce type de lien.

 

Journaliste : Thierry Santa, quelle est l'autonomie que vous imaginez ?

 

Thierry Santa : Avant tout, bonjour à tous les auditeurs, et vous l'avez dit vous-même, clairement, le Rassemblement et le Front pour l'unité, nous, c'est solution de non-indépendance qui nous intéresse. Et le président Pierre Frogier l'a dit lui-même, à l'occasion d'un congrès, nous souhaitons aller au bout de l'autonomie. Donc, c'est plutôt la solution numéro 3 qui nous intéresse le plus, même si les experts eux-mêmes l'ont dit dans leur rapport, ça reste des voies principales qu'ils ont définies. Et ce vers quoi on va aboutir, nous en sommes convaincus, c'est quelque chose qui correspondrait effectivement à cette solution numéro 3. Entre la 3 et la 4, on va dire, puisque c'est bien de ces solutions vers une autonomie de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France pour laquelle nous nous battons au sein du Rassemblement et du Front pour l'unité.

 

Journaliste : Philippe Gomès, le projet de Calédonie ensemble ?

 

Philippe Gomès : Écoutez, nous sommes un pays extrêmement émancipé au sein de la République. Nous avons notre propre capacité à adopter des lois. À l'instar du parlement, c'est le seul endroit de la République où on peut le faire. Nous avons une citoyenneté propre, nous sommes les seuls également au sein de la République à disposer de cet avantage. Nous sommes compétents dans tous les domaines, quasiment, sauf les compétences régaliennes. Nous sommes compétents en matière fiscale, sociale, sanitaire, droit du travail, droit commercial, etc., nous avons des signes identitaires quasiment tous adoptés, il y en a qu'un, comme vous le savez, qui fait polémique, c'est le drapeau. Et donc, nous avons, au total, aujourd'hui, une capacité immense à nous gouverner nous-mêmes. Nous sommes dans une situation d'extrême autonomie. Je dirais, ce qui nous sépare de l'indépendance, c'est quasiment, aujourd'hui, une feuille de papier à cigarette, mais en même temps, ce sont des choses essentielles, ce sont les compétences régaliennes, ce sont la nationalité. Donc, nous, nous sommes partisans de nous gouverner nous-mêmes. Nous sommes partisans d'un pays émancipé, mais nous considérons que les limites de cette émancipation, c'est la République, qu'on doit rester au sein de la République. Je le dis souvent, la République, c'est un peu comme le récif autour de notre île, ça nous protège. Ça nous protège de certains d'entre nous, parce que parfois, on voit, ici, des responsables politiques qui pourraient assez facilement s'essuyer les pieds sur un certain nombre de libertés essentielles, et puis ça nous protège aussi des prédateurs extérieurs, je pense aux puissances régionales comme la Chine. Et si jamais la Nouvelle-Calédonie devenait indépendante, nous serions très rapidement recolonisés politiquement, économiquement, financièrement, par ces géants de la zone. Donc, oui à une extrême autonomie, mais qu'elle continue à s'exercer au sein de la République.

 

Journaliste : Sonia Backes, l'UCF a déjà fait part d'une proposition fédéraliste, est-ce que c'est toujours votre ligne de conduite ?

 

Sonia Backes : Alors, tout d'abord, bien évidemment nous excluons toute forme d'indépendance, que ce soit une indépendance pure et simple comme celle qui est soutenue aujourd'hui par Charles Washetine et par Rock Wamytan, mais également toute forme d'indépendance association. Alors, évidemment, c'est des grandes lignes, il est question d'autonomie élargie, ou finalement de statu quo. L'autonomie élargie, nous l'avons déjà, nous avons énormément de compétences, mais il y a des choses, aujourd'hui, qui ne fonctionnent pas. Il y a des choses à revoir en matière de répartition des compétences. On a des compétences qui sont aujourd'hui dévolues au gouvernement, alors qu'elles devraient relever des provinces, des compétences qui relèvent des provinces alors qu'elles devraient relever du gouvernement, et tout ça fait un millefeuille qui est difficilement accessible par les Calédoniens. Donc, il faut faire évoluer les choses, mais pas dans le sens d'avoir plus de compétences pour la Nouvelle-Calédonie. Nous avons été gavés de nouvelles compétences ces derniers mois et ces dernières années. On en est quasiment à un transfert tous les six mois en ce moment. Il faut d'abord être capable d'assumer correctement les compétences que nous avons avant d'en avoir de nouvelles. Donc, plutôt, pour répondre à votre question, plutôt vers une autonomie élargie, mais que nous avons finalement déjà.

 

Journaliste : Dans ces différentes configurations il y a plusieurs questions transversales, notamment celle de la citoyenneté. Quels seraient, demain, les critères pour être Calédonien ? Rock Wamytan :

 

Rock Wamytan : Pour être Calédonien, c'est déjà fixé dans l'Accord de Nouméa, dans la loi organique. Il faut être citoyen, c'est tout. Voilà, et au moment du référendum, si le référendum est positif pour l'accession du pays à la pleine souveraineté, les citoyens obtiennent la nationalité. Donc, voilà, c'est expliqué comme ça.

 

Journaliste : Donc, très clairement, ça veut dire que, pour vous, la citoyenneté telle qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire le corps électoral, qui fait polémique, tel qu'il est fixé, de cette citoyenneté, découlera la nationalité, et les autres ?

 

Rock Wamytan : Oui, ce sont des citoyens qui deviendront des nationaux du nouveau pays, puisque c'est le déroulé de l'Accord de Nouméa qui l'a fixé comme ça.

 

Journaliste : Et du coup comment intégrer et quel va être le statut des autres qui ne sont pas citoyens aujourd'hui ?

 

Rock Wamytan : Les autres, c'est la négociation. Donc, au moment de la préparation du référendum et l'après. Ça, ça rentre dans le cadre de la négociation. Mais nous l'avons fixé déjà en 98. Les citoyens, on sait qui sont ces citoyens, voilà, ce sont des personnes qui étaient arrivées en 1998, sous réserve qu'ils aient dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie. Les autres qui sont arrivés après ne sont pas citoyens, puisque ça a été fixé comme ça. Nous, ça a été la dernière concession que le FLNKS a concédé au moment des négociations. Maintenant, s'il faut rediscuter des personnes qui sont arrivées après 98 pour qu'ils accèdent à la citoyenneté calédonienne, ça, c'est un autre débat, ça. Ça rentre dans le cadre d'une autre discussion. Mais, pour le moment, nous sommes bien dans le cadre du déroulé de l'Accord et l'UC est bien dans cette démarche-là. Mais, nous sommes ouverts à la discussion, puisqu'il faut évidemment tenir compte des personnes qui sont installées après 1998, voilà, et nous l'avons toujours fait ! Je rappelle tout simplement qu'en 1983 nous l'avons fait, au moment de Nainville-les-Roches, qu'en 1988 nous l'avons fait, et 98 nous l'avons fait. Donc, c'est pas quelque chose d'exceptionnel. Donc, nous sommes ouverts à la discussion, mais, bon, nous avons aussi des principes.

 

Journaliste : Ça nous amène à la question des négociations, qu'est-ce qui est négociable ? On voit que le fond entre indépendance et non-indépendance la ligne ne bouge pas beaucoup. Qu'est-ce qu'on peut mettre sur la table des négociations, est-ce qu'on met aujourd'hui des compétences régaliennes en discussion, l'article 27 en discussion ? Thierry Santa :

 

Thierry Santa : Moi, ce que je voudrais rappeler quand même, c'est le Rassemblement, depuis maintenant très longtemps, le dit, l'a répété, nous, ce que nous souhaitons pour la sortie de l'Accord de Nouméa, c'est une solution consensuelle à nouveau, autrement dit, un troisième Accord. C'est ce pourquoi nous nous battons déjà depuis de nombreuses années. Et dans le cadre de ce troisième accord, c'est effectivement une discussion qui doit se mettre en place, entre les partisans du maintien de la Calédonie dans la France et les indépendantistes. C'est une discussion, ça veut dire que ce sera une négociation, ça veut dire que l'on va chacun arriver autour de la table avec nos propositions, ou en tout cas nos points sur lesquels nous souhaitons revenir. Et dans le cadre de l'Accord de Nouméa qui, je le rappelle aussi, n'est qu'une situation provisoire pour la Nouvelle-Calédonie, tel que l'Accord lui-même le dit dans son texte, il s'agit bien d'une situation provisoire et qui doit être réglée à l'issue de cet Accord. Et pour revenir aux discussions dont je parlais, nous, on a principalement trois points sur lesquels nous voulons rediscuter, c'est bien sûr le corps électoral, monsieur Wamytan vient d'en parler. Je rappelle que l'Accord de Nouméa a été signé à l'époque avec un corps électoral glissant, et ensuite il a été gelé en 2007, sous la pression des indépendantistes. Mais, pour nous, nous avons signé cet accord avec un corps électoral glissant. Donc, c'est un point sur lequel nous voulons revenir dans le cadre des discussions de sortie de l'Accord de Nouméa, avec des éléments complémentaires, comme les enfants nés en Nouvelle-Calédonie, quels qu'ils soient devraient devenir des citoyens de ce pays et les conjoints de citoyens également, qu'ils puissent acquérir cette citoyenneté dans un deuxième temps. Donc, ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est la clé de répartition, du financement des provinces. On connaît très bien les uns et les autres la situation actuelle de la province Sud qui devient quasiment exsangue financièrement, et inversement, la province Nord et la province des Îles qui constituent des matelas financiers chaque année grâce à cette clé de répartition qui est figée dans le texte. Nous, nous considérons que cette clé de répartition, elle doit être proportionnelle, peut-être pas strictement proportionnelle, mais elle doit prendre en considération l'évolution démographique du pays. À l'époque, en 98, 66 % de la population habitaient en province Sud, sachant que la province Sud ne bénéficie que de 50 % de ce financement. Aujourd'hui, 75 % de la population vit en province Sud. Donc, vous imaginez bien l'impact, après financier, en matière d'enseignement, en matière de santé, en matière de logement que ça représente à supporter par la province Sud. Et enfin, le troisième point sur lequel nous voulons rediscuter également, c'est la répartition du Congrès actuel. 32 membres du Congrès, sur 54, sont issus de l'assemblée de la province Sud, ça représente moins de 60 % des membres du Congrès, et je le répète, 75 % de la population habitent en province Sud. Donc, ce point-là aussi, il faudra forcément rediscuter dans le cadre des discussions de sortie de l'Accord de Nouméa.

 

Journaliste : Finalement, que ce soit du côté loyaliste, ou indépendantistes, Charles Washetine, est-ce que, là, ce sont de bases de négociations communes ?

 

Charles Washetine : Nous, nous avons toujours considéré que l'Accord de Nouméa en soi est déjà l'accord convenu entre les partenaires qui l'ont signé aux côtés de l'État. Donc, on est dans la période de la mise en œuvre de cet accord. Et nous considérons qu'il faut aller jusqu'au bout de l'Accord. Y aller jusqu'au bout, c'est tenir compte du calendrier qui a été arrêté, parce que nous, nous considérons que ce qui est fait au moment de la signature est avant tout un pari pour tout le monde qui tienne compte de l'histoire du pays. Et je crois le préambule de l'Accord est on ne peut plus clair sur le sujet. La question du pays tel que configuré, c'est-à-dire géographiquement, la question des populations aujourd'hui qui ont vocation à vivre dans ce pays, ce sont aussi des réalités de l'Accord. Il appartient…

 

Journaliste :Ça veut qu'on ne discute pas avant Charles Washetine ?

 

Charles Washetine : Nous, nous avons toujours considéré qu'il faut suivre l'Accord tel qu'il existe. Malheureusement, on s'est un peu fourvoyé dans la mise en œuvre de l'Accord, parce que souvent on s'est attaché davantage à veiller…, enfin, des enjeux de pouvoir qui ont mis à mal la mise en œuvre de l'Accord, il y a eu des accords à côté de l'Accord, ce qui n'était pas convenu, avec les difficultés que l'on a connues dans le fonctionnement, notamment des institutions de la Nouvelle-Calédonie, et je pense en particulier à ce qui s'et passé en 2010, qui a constitué d'une certaine manière une sorte de frein à ce qui pourrait être mis en service dans le cadre des politiques publiques au profit des citoyens. Le pari, pour tout le monde, consiste bien à dire, il  y a aujourd'hui une citoyenneté qui est plus ou moins configurée, travaillons pour le compte de ces citoyens. Aujourd'hui, et on continue à le constater, beaucoup d'exclusions, c'est anormal qu'aujourd'hui 20 % de la population vive au-dessous du seuil de pauvreté et c'est aussi ça qui fait obstacle à l'idée que les citoyens calédoniens, aujourd'hui, se font de leur propre citoyenneté. Je crois qu'il y a un sentiment très fort, aujourd'hui, d'appartenance à ce pays, qu'il s'agisse bien des populations kanakes, mais aussi de ceux qui à des moments reconnus comme étant les victimes de l'histoire, mais qu'on a intégré dans le corps des citoyens, avec les critères qui ont été déterminés à l'article 188 de la loi organique. Je crois que la préoccupation aujourd'hui, et ça, c'est notre préoccupation, c'est de dire comment on fait en sorte que ceux qui vivent, ici, en Nouvelle-Calédonie, se sentent bien dans leur pays. Nous avons un pays qui est extrêmement riche, il faut veiller à une meilleure répartition…

 

Journaliste : Donc, on va au bout de cet Accord de Nouméa et on voit après ?

 

Charles Washetine : On est dans la période, et l'Accord le prévoit, aujourd'hui il y a les élections qui s'ouvrent, c'est l'Accord ça, donc, une majorité qualifiée des trois cinquièmes…, quand on a signé l'Accord à l'époque, nous, on savait qu'on sera pas…, on était dans une situation minoritaire et on s'est dit, c'est un défi qu'on se lance entre nous, est-ce qu'on aura les trois cinquièmes au Congrès pour pouvoir enclencher la consultation de sortie ? On voit bien qu'il y a des difficultés, mais c'est quand même le défi. Et pour pouvoir réussir ce défi, ça passe par ce qu'on est en capacité de faire, notamment dans les collectivités provinciales ou dans les communes.

 

Journaliste : Sonia Backes, vous avez dit, on peut discuter, mais finalement il faut que ce référendum ait lieu assez tôt pour que, justement, tout le monde sache que la majorité des Calédoniens sont pour la Calédonie dans la France. Pourquoi est-ce que c'est important de trancher finalement au plus vite ?

 

Sonia Backes : D'abord, sur la question du corps électoral, je suis étonnée d'entendre Rock Wamytan dire qu'il est ouvert à la discussion. Depuis 98, c'est pas ce qu'on a constaté, puisque ce qu'on a constaté, c'est que les indépendantistes ont tordu le bras des loyalistes sur les différentes étapes. Ça a été le cas, en 2007, avec le gel du corps électoral, aujourd'hui, c'est plus de 20 mille personnes qui sont exclues du corps électoral et on se rend compte qu'on arrive à une situation extrême, où on va avoir des enfants qui sont nés en Nouvelle-Calédonie, qui n'auront connu que la Nouvelle-Calédonie, qui vont atteindre la majorité et qui, parce que leurs parents ne seront pas citoyens, ne pourront pas voter. Cette situation-là, ne peut pas durer. Mais, au-delà de la question du…

 

Journaliste : Je vous laisse finir juste après, mais c'est important de répondre sur cette question des enfants. Ce point précis, c'est un point de discussions possibles Rock Wamytan que les enfants nés ici ?

 

Rock Wamytan : Pour le moment, non. Puisque nous sommes dans le déroulé de l'Accord. Donc, il faut suivre l'Accord, c'est tout.

 

Sonia Backes : Donc, on peut discuter, mais…

 

Rock Wamytan : Non, il faut suivre l'Accord. Maintenant, au moment où on va arriver vers la fin de l'Accord, 2018, là, nous, au niveau de l'UC, puisque je parle au nom de l'UC, nous avons toujours été ouverts à la discussion. Nous sommes quand même à l'initiative de la mise en place des différents comités de pilotage de l'Accord de Nouméa, donc, nous sommes tout à fait d'accord pour discuter, pour évoquer, pour mettre tous les problèmes sur la table et puis voir si on peut apporter des solutions. Mais, pour le moment, nous sommes dans un déroulé qui est fixé par des règles, il faut suivre les règles, tout simplement, voilà.

 

Sonia Backes : Oui, je parlais de 2007, du corps électoral, et puis alors ce qui se passe en ce moment est d'une violence encore plus forte, puisqu'aujourd'hui il y a une demande de radiation pour plusieurs milliers de personnes qui, elles, sont bien arrivées avant 98. Donc, on est dans une démarche où à chaque fois les indépendantistes, sans dialogue, puisqu'en 2007 c'était la pression qui a été mise sur l'État pour obtenir le gel du corps électoral, et là, on est sur des démarches qui sont des recours en justice. Donc, on n'est pas dans une démarche de dialogue, on est dans une démarche d'exclusion d'un maximum de personnes qui sont arrivées en Nouvelle-Calédonie, et là, en l'occurrence, avant 98. Donc, je suis un peu étonnée d'entendre qu'il y a une ouverture au dialogue, les actes ne prouvent pas du tout les paroles qui viennent d'être tenues. Ensuite, sur la question du calendrier, puisque c'est la question que vous venez de me poser. Sur la question du calendrier Charles Washetine dit qu'il faut aller au bout de l'Accord de Nouméa, et ça avait été défendu par le Palika au moment des élections législatives de dire, premier référendum en 2018, deuxième en 2020, troisième en 2022, allons au bout. Mais, moi, je pose une question aux Calédoniens, dans quel état va être la Nouvelle-Calédonie si nous allons jusqu'en 2022 ? On voit bien qu'aujourd'hui on a un ralentissement économique, lié au fait que…, que ce soient les entrepreneurs, que ce soient les investisseurs, ou les particuliers, tout le monde a peur, personne ne sait de quoi notre avenir sera fait. Et il me semble important que l'on soit fixé dans des délais assez courts. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut ouvrir le dialogue. Ce dialogue, il faut l'ouvrir dès le lendemain des élections. On dit également que ce dialogue doit se faire avec tous les loyalistes en face de tous les indépendantistes, et pas en catimini entre deux partis, un parti loyaliste et un parti indépendantiste. Tous les loyalistes en face de tous les indépendantistes pour trouver un accord. Si cet accord est possible dans des délais assez courts, tant mieux ! Si cet accord n'est pas possible, il ne faut pas craindre d'aller au référendum, tout simplement pourquoi ? Parce que ce référendum permettra de montrer qu'effectivement on sait qu'il y a 60 à 65 % de la population qui souhaite rester française. Nous, on le sait, mais ça permettra de le montrer à l'État, mais également de montrer à l'extérieur, et notamment à l'ONU que la majorité des Calédoniens souhaite rester Français.

 

Journaliste : Philippe Gomès, vous avez déjà fait part de vos craintes sur un référendum qualifié de couperet. Aujourd'hui, quel est le projet de Calédonie ensemble sur ce calendrier et sur ces négociations possibles avec le partenaire indépendantiste ?

 

Philippe Gomès : Oui, c'est une question très importante, c'est même une question fondamentale, puisqu'en réalité le reste va découler de la méthodologie qu'on est susceptible d'adopter. Donc, nous qu'est-ce qui fonde notre réflexion ? Une chose simple, on vit en paix, on vit en paix pas depuis un siècle, on vit en paix depuis 25 ans, depuis la signature des Accords de Matignon. On a commencé à construire une communauté de destin, ça a pas été simple, mais parfois un peu chaotique. En tout cas, depuis 25 ans, c'est ce qu'on essaye de faire, les uns et les autres. On a créé une citoyenneté et on essaye de bâtir un vivre ensemble calédonien, avec nos histoires, nos difficultés, en essayant d'assumer une mémoire commune qui est parfois douloureuse. La question pour Calédonie ensemble, c'est comment on préserve ça ? Comment on va pas se taper la tête dans le mur à l'occasion de cette sortie de l'Accord ? On finit un cycle qui a démarré lors des Accords de Matignon et on va en engager un autre. Comment on l'engage ? C'est pour ça que nous sommes fondamentalement opposés aux trois référendums qui sont prévus par l'Accord de Nouméa….

 

Journaliste : Donc, vous vous retrouvez avec le Rassemblement sur cette question ?

 

Philippe Gomès : Nous y sommes fondamentalement…, je me retrouve avec qui pense que les trois référendums sont pas utiles pour le pays…, à une époque, le Rassemblement voulait les faire et voulait purger l'indépendance, afin qu'après on n'en parle plus, bon. Donc, moi, je suis ravi que, désormais, la position que je défends depuis l'origine a été rejointe. On va pas se disputer là-dessus. J'aimerais finir mon raisonnement, donc, trois référendums, non. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, ça va dresser les Calédoniens les uns contre les autres de manière frontale et stérile. Pour ou contre l'indépendance, c'est un peu réducteur comme problématique à poser de cette manière-là aux Calédoniens. Ça va créer donc des tensions et ces tensions, bien évidemment, elles sont susceptibles de fragiliser un vivre ensemble qui est pas toujours simple à construire. La deuxième raison, c'est, quelle que soit la réponse, soit oui à l'indépendance, soit un non à l'indépendance, on va vers ce qu'on peut appeler un néant institutionnel. Alors, c'est un néant institutionnel total, si c'est l'indépendance. Imaginons qu'une majorité se prononce (?), puisque, là, il y a pas une ligne qui a été écrite, nulle part sur, quel est ce pays dont on nous parle, dès lors que les Calédoniens auraient décidé d'aller vers l'indépendance. Mais, si on reste au sein de la République, c'est-à-dire si on dit non à l'indépendance, là aussi, rien n'est défini. La seule chose qui est définie, c'est qu'on doit se retrouver autour d'une table, c'est ce que dit l'Accord de Nouméa, pour voir comment on fait. Donc, c'est la deuxième raison qui nous conduit à dire, un référendum pour pas savoir où on va, on voit pas trop à quoi ça sert. Et puis enfin, troisième raison qui nous conduit à dire non à ces trois référendums tels qu'ils sont prévus, c'est que la discussion, on est susceptible de la faire quand on a dit trois fois non à l'indépendance. Donc, on va dire non…, je le dis à Rock et à Charles Washetine, qui le savent aussi bien que moi, en 2018, puisque la majorité des Calédoniens sont hostiles à l'indépendance, et le résultat est autrement probable, à hauteur de 55 ou 60 %, contre l'indépendance. On va redire non en 2020, on va dire une troisième fois non en 2022. Et l'Accord nous dit, quand on a dit trois fois non à l'indépendance, on se retrouve autour d'une table, comme ça, vachement décontractés, d'ailleurs on boira un whisky ensemble, et on va dire : comment on fait ? Moi, je suis persuadé, quand on aura dit trois fois non à l'indépendance, les Calédoniens auront dit trois fois ça, à partir de ce moment-là, on aura, d'une part, des non-indépendantistes, dont nous faisons partis pour un certain nombre, ici, qui seront prisonniers de leur victoire et qui auront face à eux des indépendantistes qui auront été trois fois humiliés par la défaite. Je vois pas en quoi tout ça est constructif pour le pays. C'est pour ça que nous disons une chose simple, à Calédonie ensemble, depuis l'origine, faisons en sorte de discuter avant ces référendums. Faisons en sorte qu'il n'y ait pas trois référendums, mais un seul. Et faisons en sorte de construire ensemble les deux branches de l'alternative qui s'offre à nous, c'est-à-dire, la branche indépendance, puisqu'elle est soutenue par une partie du peuple calédonien, et la branche pour au sein de la République, puisqu'elle est soutenue par les autres partis, dont Calédonie ensemble est l'un des tenants.

 

Sonia Backes : Les indépendantistes, ils auront un non à l'indépendance, ils seront pas plus…, ils seront moins humiliés dans ce cas-là que dans le cadre du référendum….

 

Journaliste : Juste une précision sur la gymnastique intellectuelle que peut demander pour des non-indépendantistes de préparer une solution d'indépendance et pour des indépendantistes de contribuer à préparer…, comment ça se concrétise, ça, ça paraît… ?

 

Philippe Gomès : Ça paraît difficile, mais vous savez le chemin du pays, il a toujours été difficile, ça n'a jamais été un chemin de roses, ça a été un chemin compliqué. Il a fallu faire des efforts les uns à l'égard des autres pour pouvoir continuer à cheminer ensemble. Et je pense, je souhaite et j'espère qu'on sera capable de les faire. J dis simplement qu'on doit arriver, chacun, autour de la table, avec ce qu'on a dans notre sac. Le Rassemblement UMP a des propositions qui ont été exprimées qui ont été dites, l'UCF en a d'autres, le Palika en a certaines, l'UC aussi. Mettons nos sacs sur la table, notre vision du pays, notre projet du pays et essayons de construire ensemble les projets que nous allons proposer aux Calédoniens. Bien sûr que le FLNKS doit prioritairement nous dire ce qu'il souhaite dans l'indépendance du pays. C'est quand même d'abord à ceux qui soutiennent cette position-là, de nous dire qu'est-ce qu'ils veulent dans ce pays indépendant. Et bien sûr que nous, de sensibilité non-indépendantistes, nous devons dire ce que nous souhaitons dans cette Nouvelle-Calédonie qui reste au sein de la République. Mais ensuite, autour de cette table, il faut pas que ce soit une sorte de bataille rangée, de bloc contre bloc, d'affrontements qui conduisent à des tensions. Non, il faut qu'on essaye, les uns et les autres de nourrir ce dialogue, qui fasse en sorte que quoi ? C'est que le verdict des urnes, au terme du référendum, il soit accepté par tous, qu'on soit indépendantiste ou non-indépendantiste, quelle que soit la manière dont le peuple calédonien s'exprimera, qu'on puisse les uns et les autres accepter ce résultat. Et pour qu'on puisse, les uns et les autres, accepter ce résultat, il faut nourrir le dialogue en amont et remplir les deux boîtes qui seront proposées aux Calédoniens, celle de l'indépendance et celle d'une Nouvelle-Calédonie émancipée au sein de la République. C'est ça, le chemin qu'on appelle "référendum éclairé" à Calédonie ensemble, que nous proposons aux Calédoniens, pour continuer, je reprends ma base, à bâtir un pays dans la paix, continuer la communauté de destin que nous avons commencé à construire ensemble.

 

Journaliste : La campagne a commencé avec une tonalité parfois un petit peu virulente, est-ce que cette possibilité d'une discussion presque confraternelle, d'ici deux-trois ans, est réaliste, ça vous parait possible ? Thierry Santa :

 

Thierry Santa : C'est même pas que ça nous paraît possible, c'est qu'on n'aura pas le choix. Nous n'aurons pas le choix de nous retrouver après ces élections autour de la table, tous autant que nous sommes, pour trouver cette solution consensuelle. Je voudrais quand même rebondir sur les propos de monsieur Gomès. Je suis heureux de vous entendre dire que vous êtes opposé à la confrontation entre les deux blocs qui existaient jusqu'à maintenant, mais c'est pas tout à fait le même discours que j'ai entendu il y a deux ans, pendant la campagne législative, où vous avez été pour le moins très, très agressifs et qui a abouti au résultat que tout le processus que nous avions essayé de mettre en place pour relancer justement ces discussions pour la sortie de l'Accord de Nouméa, dès 2010, avec un geste fort qui a été fait de la levée des deux drapeaux, eh ben, tout ça a été balayé du fait de cette campagne désastreuse. Et cette campagne qui s'appuyait essentiellement sur les peurs de chacun et sur la confrontation de chacun. Il faut sortir de cette confrontation, c'est clairement ce que nous disons depuis longtemps. On est sorti de ces logiques de blocs. Au Rassemblement, ça fait longtemps qu'on se pose plus la question de savoir si on veut être indépendant, ou pas. La question qu'on se pose, aujourd'hui, c'est comment nous voulons construire notre Calédonie dans la France ? C'est pas la peine de travailler sur un référendum éclairé et de laisser espérer encore à la population que, potentiellement, on deviendra indépendant, là, je parle des électeurs indépendantistes. Ce qu'il faut surtout faire, c'est construire une Calédonie tous ensemble et convaincre la majorité de la population, y compris les électeurs indépendantistes que la meilleure solution pour tout le monde, y compris pour eux, je le répète, c'est de rester français. C'est le pays des droits de l'homme qui leur garantira leur revendication identitaire qui était la base, j'en suis convaincu, de tout ce qui s'est passé dans les années 80, c'est le pays des droits de l'homme qui leur permettra de garantir leur identité, leur culture, leur coutume et ainsi de suite.

 

Journaliste : Philippe Gomès, vous souhaitez répondre :

 

Philippe Gomès : Oui, j'ai été pris à parti gentiment par monsieur Santa.

 

Thierry Santa : Gentiment.

 

Philippe Gomès : Gentiment dans le ton en tout cas, même si le fond était très divergent.

 

Thierry Santa : Toujours.

 

Philippe Gomès : Je vous remercie. Non, moi, je veux simplement dire que la politique des blocs, à Calédonie ensemble, ça fait longtemps qu'on l'a dépassée. En 2008, j'ai été accusé d'être indépendantiste parce que je dialoguais avec Paul Néaoutyine pendant les élections. Donc, c'était une sorte de virus dès lors qu'on parlait avec un indépendantiste on devenait indépendantiste. Bien évidemment que ça fait très longtemps que ma philosophie politique m'a porté ailleurs que dans un affrontement frontal et stérile. Ce que j'ai contesté, je le dis en un mot, parce que c'est plus le débat d'aujourd'hui, enfin ça peut l'être aussi, si vous le voulez, mais, c'est la méthode qui a été utilisée par le Rassemblement UMP dans le cadre des deux drapeaux, de l'élection de Rock Wamytan à la présidence du Congrès, de la mise en place de la coalition au gouvernement avec l'UC et le Parti travailliste. Et moi, j'ai toujours considéré que tout ça nous emmenait vers l'indépendance-association. La solution consensuelle, c'est l'indépendance-association, et quand j'entends monsieur Santa qui dit, toujours la même idée, les indépendantistes vont faire une ultime concession, ils vont accepter de signer un papier pour rester dans la France, c'est l'ultime concession. J'invente rien, c'est le président de votre mouvement, Pierre Frogier, qui l'a indiqué. Moi, je ne crois pas à cette ultime concession des indépendantistes. Ils resteront indépendantistes parce que c'est d'abord leur droit, on est en démocratie, on est en République, chacun peut avoir les idées qu'il veut, dès lors qu'il trouble pas l'ordre public bien évidemment. Et puis parce que c'est un mouvement qui est engagé de longue date et des indépendantistes, on en a partout sur le territoire de la République française, pas qu'en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, en Corse et dans d'autres parties du territoire. Donc, il n'y aura pas, moi je dis mon sentiment là-dessus, chacun peut avoir une opinion différente, vous pensez qu'à un moment les indépendantistes vont renoncer à l'indépendance, moi, je pense que les indépendantistes ne renonceront pas à l'indépendance. Par contre, ce que je crois, c'est qu'il faut de manière indiscutable dialoguer de manière soutenue, approfondie, constructive avec eux, de façon à ce qu'on fasse plutôt valoir les avantages d'une Nouvelle-Calédonie qui est très émancipée, on se gouverne nous-mêmes dans tous les domaines de compétences, mais on reste au sein de la République. Parce qu'au total, au 21e siècle, avoir à la fois la capacité de se gouverner soi-même et de rester au sein de la République, c'est quand même probablement la meilleure solution que puisse avoir un petit pays comme le nôtre.

 

Journaliste : Rock Wamytan, on a envie de vous convaincre…

 

Rock Wamytan : Me convaincre de quoi ? De la…

 

Journaliste : De rester dans la France.

 

Rock Wamytan : Angélique Souche, je vais vous dire ce que m'a dit mon grand-père, Rock Pidjot, mon grand-père maternel quand même qui a été 26 ans député de la Nouvelle-Calédonie. Ses amis socialistes de l'époque n'arrêtaient pas de lui dire, "mais Rock, reste avec nous dans la France, nous partageons les mêmes valeurs". Et mon grand-père leur disait, "vous savez, quand on a été chef sous le régime de l'indigénat, on ne peut plus aimer la France". Vous savez, moi je suis un peu dans cette continuité-là, donc, je respecte la France, cet État, cette grande nation, avec ses valeurs, mais à partir du moment où le système que la France a installé ici, depuis 160 ans, il est toujours là, moi, c'est niet, voilà. On peut trouver des solutions, on peut négocier, on peut discuter. Je pense que c'est important de garder cette configuration-là qui est présente depuis maintenant 25 ans, depuis les Accords de Matignon, même depuis Nainville-les-Roches, puisque nous nous connaissons tous, nous avons des espaces où nous pouvons échanger. Et même si nous ne sommes pas d'accord sur les objectifs et les orientations politiques que chacun défend. Ils défendent que la Nouvelle-Calédonie reste française ad vitam aeternam, comme a dit un jour Pierre Frogier, c'est leur droit, nous, nous défendons, nous, les gens d'ici, les Kanaks, les Océaniens, les Mélanésiens, nous défendons notre liberté vis-à-vis d'un système et le système colonial français, il est toujours là ! C'est pour ça que je dis que tant que ce système-là il est (?) et qu'on ne discute pas au fond…

 

Journaliste : On se pose la question quand on entend toutes ces mains tendues pour discuter avec vous, finalement, qu'est-ce que vous en faites ? Quand Sonia Backes dit "Attention, le fait de ne pas aller au référendum, d'attendre éventuellement jusqu'en 2022, c'est dégrader la situation, le climat social, etc."

 

Rock Wamytan : C'est elle qui le dit, parce qu'ils font toujours peur aux gens, mais il faut pas avoir peur. À propos de ce que disait Sonia Backes tout à l'heure, je sais pas si elle était là en 97-98, au moment des négociations…

 

Sonia Backes : J'étais aux études, Monsieur Wamytan.

 

Rock Wamytan : Donc, elle était encore petite. Nous, en 1998, lorsque nous avons discuté, à la veille du 21 avril, quelques jours avant, on discute de ce corps électoral, puisque la méthode qui nous avait été proposée par Alain Christnacht, à l'époque, il défendait les positions de l'État, nous avait dit : nous discutons de tout, pendant des semaines et des mois, et à la fin, nous allons discuter du sujet qui fâche, c'est-à-dire le corps électoral. On discute, Jacques Lafleur, évidemment était contre ce corps électoral restreint, on discute durant des heures et des heures, et à un moment donné, Jacques Lafleur va nous dire : je peux comprendre que le droit de vote soit réservé aux gens de ce pays, et à ce moment-là, j'étais chef de délégation FLNKS, je l'ai remercié devant tout le monde, mais ça, il y a des témoins qui sont là, encore, je l'ai remercié, j'ai dit : Monsieur le Député, vous avez fait un geste fort vis-à-vis de la revendication kanake, puisque là, vous avez dit et vous avez confirmé que le droit de vote peut être limité et restreint aux gens du pays. C'était ça. Bon, qu'est-ce qui s'était passé après ? C'est le conseil constitutionnel qui nous a dit quoi ?

 

Sonia Backes : Un corps électoral glissant, oui.

 

Rock Wamytan : Mais pourquoi il a dit que c'était un corps électoral glissant ? Parce que c'était mal rédigé. Mais oui, mais tout à fait ! C'était au niveau de la rédaction, et moi, quelque part, enfin nous, indépendantistes, on s'est dit : mais est-ce que les rédacteurs de l'État n'ont pas fait exprès d'écrire le texte de façon à ce que les deux groupes se retrouvent, un, glissant, l'autre restreint, limité. En fait, le conseil constitutionnel dit : renvoyez votre copie, puisqu'en fait, c'est pas un corps électoral limité tel que je l'interprète. Donc, la copie aurait dû être revue par la révision constitutionnelle de 2000 ou 2001. C'est pas le FLNKS qui a reporté le congrès de Versailles, qui l'a reporté ? Jacques Chirac, et pourquoi ? C'est pas à cause de nous, c'est à cause de la question de la réforme du conseil supérieur de la magistrature, et le bébé est passé avec l'eau du bain. En fin de compte, ce n'est pas en 2000 que ça aurait dû revenir à l'esprit de cet Accord, c'est-à-dire un corps électoral restreint et limité, mais ça a été reporté, sine die, et ce n'est que 9 ans plus tard, c'est-à-dire en 2007, qu'enfin le Congrès a figé le corps électoral.

 

Sonia Backes : D'abord, Monsieur Wamytan, je comprends votre revendication, c'est pas pour ça que je l'accepte. Je crois qu'il faut arrêter de prendre les Calédoniens pour des idiots en disant que parce que Jacques Lafleur a dit qu'il comprenait la revendication, il l'avait acceptée. Ça, c'est faux. Ça a été précisé par lui, et par ceux qui le représentent. Je crois qu'il faut pas raconter que tout ce que vous avez fait après, c'était sur la base d'un engagement de Jacques Lafleur. Ensuite, sur la question…

 

Rock Wamytan : Vous étiez pas là, et j'étais là, ce soir-là, quand il l'a dit, il faut arrêter de raconter des histoires…

 

Sonia Backes : C'est vous qui racontez des histoires. Il a dit qu'il comprenait.

 

Rock Wamytan : Il a dit…

 

Sonia Backes : Qu'il comprenait.

 

Rock Wamytan : Demandez à tout le monde, il l'a dit.

 

Sonia Backes : Sur la discussion, il y a une vraie différence de méthode. On voit bien : Rock Wamytan, a dit que la France, qu'il ne voulait plus de la France, que quand on avait été chef sous l'indigénat, on voulait plus de la France. Les choses, elles sont claires. Comment, ensuite, peut-on avoir des discussions en disant, on va réussir à convaincre les indépendantistes. C'est pas vrai ça. Donc, ce qu'on dit, nous, simplement, c'est que ces discussions-là, on doit les avoir, on doit avoir un dialogue, mais il faut avoir un dialogue ferme, il faut pas faire des concessions unilatérales. Ensuite, sur le calendrier, parce que le référendum éclairé de Philippe Gomès, c'est un outil de communication, ça reste un référendum. On va demander, d'un côté, aux gens, s'ils veulent une forme d'indépendance, et de l'autre côté, s'ils veulent une forme de statut qui permet de rester dans la France. Au final, ça revient exactement à la même chose, c'est tout simplement un outil de communication. La vraie question qui se pose, c'est de savoir combien de temps on parle, combien de temps on discute, est-ce qu'on va discuter jusqu'en 2022, alors qu'on sait très bien ce que veulent les uns et les autres, et il s'agit pas d'humilier, c'est Philippe Gomès qui a dit ça tout à l'heure, il s'agit pas d'humilier les indépendantistes, il s'agit de discuter sur la base de ce que souhaite la majorité des Calédoniens, et il s'agit pas de le dire non plus pour l'éternité. Vous avez parlé, tout à l'heure, Monsieur Wamytan, de rester dans la France ad vitam aeternam. Aujourd'hui, les Calédoniens souhaitent en grande majorité rester français. C'est ça qu'on doit entendre. Si un jour les Calédoniens ne souhaitent plus rester français, on pourra en rediscuter. Aujourd'hui, la grande majorité des Calédoniens veulent rester français. Eh bien, réglons le problème, réglons le problème maintenant.

 

Philippe Gomès : Le référendum éclairé a été travesti en outil de communication. Un mot là-dessus, on a voulu régler, de la manière que propose l'UCF, l'indépendance avec un référendum pour purger ceux qui étaient indépendantistes. C'était en 1987. Il y a un monsieur qui s'appelle Bernard Pons, qui était ministre de l'outre-mer, à l'époque, qui a organisé ce référendum. On a gagné royalement, puisqu'en plus les indépendantistes l'ont boycotté, avec 90 % d'opposition à l'indépendance. Au total, 6 mois après, c'était Ouvéa. Donc, la dernière fois qu'on a voulu montrer à la France et au monde, pour reprendre l'expression d'un leader loyaliste local, on s'est retrouvé dans une situation où on a fini dans une grotte avec 25 morts, donc, la question "on tranche ça à la hache" c'est une question qui a été mise en œuvre, il y a 25 ans de ça, et qui a abouti à ce qu'on connaît. Donc, conclusion, le référendum éclairé, ce n'est pas un outil de communication, c'est, au contraire, le respect du peuple. Parce que le lundi matin, une fois que, imaginons que l'indépendance ait gagné, ce serait bien que les indépendantistes, qui ont voté pour l'indépendance, sachent dans quel pays ils vont se lever, comment il est organisé, ce pays. Et de la même manière, si c'est au sein de la République que les Calédoniens se prononcent, là aussi, le lundi matin, qu'ils sachent dans quel espace français ils vont se réveiller, comment sont organisés les pouvoirs publics, est-ce que le gouvernement qu'on a aujourd'hui, continue, est-ce que le corps électoral est dégelé ou est congelé, etc. Donc, le référendum éclairé, c'est une marque de respect à l'égard du peuple.

 

Journaliste : Charles Washetine, justement, cette indépendance, quel contour vous lui donnez ? Avec des questions très concrètes : qui assurera la justice, en Calédonie ? Qui assurera la défense, en Calédonie ? Toutes ces compétences régaliennes si sensibles dans un tout petit pays.

 

Charles Washetine : L'Accord le prévoit, ça fait partie des sujets qui devront être traités dans le cadre de la consultation, puisque c'est des sujets qui sont déjà indiqués comme tels, nous, on considère qu'il faut assumer pleinement la mise en œuvre de cet Accord.

 

Journaliste : La justice, c'est important, parce qu'il y a cette remarque dans le rapport de messieurs Courtial et Soucramanien, que dans un si petit pays, il est difficile d'assumer l'indépendance d'une institution comme celle de la justice. Ça ne vous effraie pas ?

 

Charles Washetine : Ça fait partie des discussions qu'on aura à tenir, le temps venu. Je suis avec attention les discussions qu'il y a autour de cette table et j'ai le sentiment qu'on prend vraiment les Calédoniens pour des demeurés. Je rappelle que l'Accord de Nouméa, approuvé par 70 % des Calédoniens, parce que l'Accord lui-même, qui est un accord de décolonisation, c'est parce que les Calédoniens considèrent qu'il faut se sortir de la situation dans laquelle on se trouve. 72 %* pour dire qu'il faut casser le système dans lequel on vit. On a mis en place toutes les institutions qui permettent précisément aux gens de ce pays d'assumer pleinement leurs responsabilités dans la mise en œuvre des politiques publiques, qui sont censées participer à jeter les bases de la citoyenneté. Il y a des espaces de dialogue, aujourd'hui, qui sont trouvés. Moi, je considère que les assemblées de provinces, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement, doivent être des espaces qui nous permettent de dire comment on se préoccupe des Calédoniens. Je crois que l'enjeu essentiel se trouve là. C'est moins dans la question d'être dans la France ou avec la France, parce que si on regarde les documents d'orientation de l'Accord de Nouméa, il est précisément dit…

 

Journaliste : Mais vous comprenez que pour les électeurs qui vont voter le 11 mai, c'est important.

 

Charles Washetine : Oui, c'est important, donc le temps des élections, c'est aussi convaincre nos électeurs, tout ce qui est dit au travers d'un discours porté par un indépendantiste peut être tout à fait viable, fiable, parce qu'il y a la mise en œuvre qui vient après. Vous savez, les lignes politiques, aujourd'hui, ont bougé. Vous voyez ce qui se passe, il y a un éclatement des blocs, on n'est plus du tout les deux blocs comme indiqué tout à l'heure. Aujourd'hui, je ne sais pas combien il y a de partis dits loyalistes, mais c'est parce que les Calédoniens ont fait le choix de sortir de ce discours qui les enferme. Je crois que c'est important aussi de considérer…

 

Journaliste : Il y en a trois ici aujourd'hui, ils ne sont pas tout à fait, à moins que j'ai mal entendu, prêts pour l'indépendance !

 

Charles Washetine :C'est peut-être ça aussi qui finit par jeter la confusion dans la tête des concitoyens, ici. Il y a les élections qui arrivent, et je le dis à tous les candidats potentiels autour de cette table, je crois que la meilleure manière de sortir du débat indépendance ou non-indépendance, c'est de travailler pour le compte des Calédoniens. Nous, nous considérons que le peuple calédonien est configuré, l'Accord de Nouméa a bien indiqué qui peut prétendre être citoyen ici et qui peut prétendre devenir des nationaux, ici. Le débat, France ou pas France, je le redis, le document d'orientation de l'Accord de Nouméa, puisque c'est notre feuille de route à nous tous, indique bien que l'État, il le dit, au bout de 20 ans, considérera que la Nouvelle-Calédonie a vocation à être émancipée. Derrière la question de l'indépendance, c'est la question de l'accession à la pleine souveraineté et l'émancipation du pays. L'émancipation du pays suppose une rupture avec le système qui continue malheureusement à exister, ici.

 

Journaliste : Thierry Santa, vous avez toujours cette proposition que Pierre Frogier rappelle encore, de troisième accord. Quand vous entendez, là, vos partenaires indépendantistes, on n'a pas l'impression qu'il y ait une ouverture pour ça ?

 

Thierry Santa :Je vais juste rappeler que les indépendantistes, en 88, étaient déjà indépendantistes, les indépendantistes, en 98, étaient toujours indépendantistes, ça ne nous a pas empêché de trouver un accord qui a permis le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Pierre Frogier m'a raconté qu'à l'époque, Monsieur Wamytan, quand vous vous étiez rencontré pour les premières discussions en 98 pour l'Accord de Nouméa, vous, vous étiez arrivé avec l'objectif d'une indépendance pour le pays ou, au mieux, une indépendance-association. Ça s'est fini avec l'Accord de Nouméa, qui n'a rien avoir avec une indépendance-association. Je profite pour répondre également à Monsieur Gomès, il n'y a jamais eu de discussion dans le dos des Calédoniens de la part du Rassemblement avec qui que ce soit sur un projet d'indépendance-association, c'est un mensonge, et ça continuera à l'être, et je pense que ce n'est pas nécessaire de s'étendre dessus davantage, parce que les Calédoniens l'ont compris. Ceci dit, l'objectif du Rassemblement depuis toujours est le symbole de la levée des deux drapeaux. Je vais revenir dessus, parce qu'on nous reproche que ça a été une concession qui a été faite par le Rassemblement aux indépendantistes. Ce n'est pas une concession, c'est un geste fort qui a été proposé par Pierre Frogier et accepté à l'unanimité du comité des signataires de 2010 à laquelle les personnes autour de cette table, quasiment, sauf Sonia, mais Gaël Yanno était présent, ont accepté cette proposition du président et la levée des deux drapeaux. Les deux drapeaux, ça a été un geste fort de reconnaissance mutuelle, d'une reconnaissance de la légitimité du peuple premier, qui est le peuple kanak, mais également une reconnaissance de toutes les autres communautés qui constituent ce pays, qui ont fait que ce pays est ce qu'il est aujourd'hui, avec tout ce qu'ils ont apporté, leur sueur, leur sang, leur travail, et ainsi de suite. C'est vraiment une reconnaissance mutuelle et c'est des symboles mis côte-à-côte pour inciter les uns et les autres à aller chacun vers les autres et pour faire en sorte que dans ce pays, on construise véritablement un destin commun tous ensemble, qu'on arrive à trouver des points d'accord qui sont les nôtres et à respecter, à se comprendre et à se respecter mutuellement, et tout cela ne sera possible que dans le cadre de la France, qui va nous protéger de nous-mêmes, puisque la France permet de garder la paix et la justice impartiale nécessaire dans tous pays, et dans notre pays en particulier, mais également nous protéger de l'extérieur, que ce soit les grandes multinationales, que ce soit les grands pays de la région, la Chine, l'Australie, tout ce qu'on veut, c'est bien le maintien de la Calédonie dans la France qui nous permettra de vivre en paix et en harmonie, les uns avec les autres.

 

Journaliste :En quoi un troisième accord permettrait d'y arriver ? Pour avoir un troisième accord, il faut négocier. Qu'est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez négocier ?

 

Thierry Santa :C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. Nous, on a des points sur lesquels nous voulons revenir dans le cadre de l'Accord de Nouméa, qui est un statut provisoire de la Nouvelle-Calédonie. En face, le FLNKS viendra forcément avec des propositions, et c'est une discussion, c'est une négociation. Personne au jour d'aujourd'hui ne peut dire ce qu'il y aura dans ce troisième accord, comme c'était le cas en 97, ou peu de temps avant la signature de l'Accord de Nouméa. C'est une discussion, c'est une négociation qui aboutira à nouveau à un accord qui maintiendra la Nouvelle-Calédonie dans la France.

 

Journaliste :Philippe Gomès, le rôle de l'État :

 

Philippe Gomès: Le comité des signataires, Rock Wamytan y participait sur le drapeau en juillet 2010. Chacun se souvient ici que ça a été extrêmement houleux, puisque, quand je suis intervenu pour indiquer, au nom de Calédonie ensemble, pourquoi j'étais opposé à ce que le drapeau du FLNKS soit hissé aux côtés du drapeau tricolore, un certain nombre de personnes ont quitté la salle, en l'espèce, Pierre Frogier, Harold Martin et d'autres, et donc, ça a été un débat qui a été, en ce qui nous concerne, Calédonie ensemble, un débat important, parce que fondamental. C'est parce que l'Accord de Nouméa prévoyait un drapeau incarnant l'identité kanake, bien sûr, mais aussi le futur partagé entre tous, que ce drapeau devait être recherché en commun, il a été imposé par Pierre Frogier, aux uns et aux autres, et qu'enfin, il devait être adopté par une loi du pays à la majorité des trois cinquièmes, ce qui n'a pas été fait non plus. On s'est mis complètement à côté de l'Accord, puisqu'on a décidé d'écrire un nouvel accord entre certains autour de cette table. Nous, on n'y a pas participé. Deuxième chose, Monsieur Santa, et sur le fond, c'est intéressant parce que c'est vraiment le vrai sujet, il dit, au moment des Accords de Matignon et de Nouméa, on a réussi à trouver des voies d'un équilibre quand même, alors que les indépendantistes étaient déjà indépendantistes. C'est tout à fait exact et je ne peux que vous donner acte que c'est fondamentalement et historiquement quelque chose de juste, sauf qu'en 88, on avait des choses à négocier, c'est là où on a créé les provinces, c'est là où on a mis en place le rééquilibrage, donc il y avait de la matière pour trouver un nouvel équilibre entre indépendantistes et non-indépendantistes. En 98 aussi, on a mis en place l'Accord de Nouméa, accord de décolonisation, d'émancipation, le préalable minier a été levé, le geste fort lié au préambule a été mis en place. On a créé une capacité à édicter des lois, on a créé notre propre citoyenneté, etc. là, aujourd'hui, il faut être clair vis-à-vis des Calédoniens. Il ne faut pas croire qu'il y a des marges de manœuvre immenses entre l'indépendance et le statut d'extrême autonomie dans lequel on est. On arrive un peu au bout de l'exercice. C'est pour ça qu'on dit, nous, une solution consensuelle où on vote par oui ou par non, comme ça a été le cas pour Matignon, ou pour Nouméa. On est tous d'accord : elle n'est aujourd'hui, on le dit franchement, plus possible. C'est pour ça qu'il faut aller au bout de la démarche, cette fois-ci remplir les deux boîtes de l'indépendance et d'une Nouvelle-Calédonie émancipée au sein de la République, et faire en sorte que le peuple, cette fois-ci, n'ait plus à dire oui ou non, mais puisse choisir son projet pour le pays.

 

Journaliste :Quel rôle l'État doit jouer dans cette toute dernière ligne droite de cette dernière mandature de l'Accord de Nouméa ? Rock Wamytan, on a entendu Pierre Frogier faire une proposition de secrétariat général qui serait consacré à la Calédonie, rattaché à Matignon. Est-ce que c'est intéressant pour vous, qu'est-ce que vous en attendriez ?

 

Rock Wamytan :Non, la proposition est intéressante. Je rappelle qu'il y a eu, par le passé, une proposition de ce genre qui a été concrétisée avec Pisani.

 

Philippe Gomès :Il fallait oser le dire, je ne savais pas si vous alliez le dire.

 

Rock Wamytan :Ben si, il fallait le dire !

 

Philippe Gomès :Pour moi, le secrétariat général ou le ministre de la Nouvelle-Calédonie, c'est un très mauvais souvenir, Monsieur Wamytan. Vous comprenez que la proposition de Pierre Frogier sur le sujet…

 

Rock Wamytan :Oui, mais il faut savoir pardonner, mon cher Philippe Gomès !

 

Philippe Gomès :Ah non, mais j'ai pardonné beaucoup, on a beaucoup pardonné.

 

Rock Wamytan :Nous aussi, on a beaucoup pardonné. Non seulement on pardonne, mais il faut que chacun avale aussi un peu ses couleuvres !

 

Journaliste :Est-ce qu'aujourd'hui, l'État est trop en retrait de ce processus, original, unique, qui se passe en Nouvelle-Calédonie ? Thierry Santa :

 

Thierry Santa :Bien entendu, et c'est bien le fond de la proposition de notre président Pierre Frogier. La création de ce secrétariat général, qui n'a rien avoir avec celui qui a existé, dont on vient de parler, c'est vraiment créer une structure pérenne, suffisamment pérenne et suffisamment reconnue par le Parlement, puisque l'objectif, c'est que cette personne qui serait choisie, ce secrétaire général, serait choisie par les trois cinquièmes du Parlement. Donc, suffisamment pérenne pour, même en cas d'alternance, et nous l'espérons, vous l'avez bien compris, en 2017, au moment de l'élection présidentielle prochaine, que même en cas d'alternance, elle soit, elle continue à s'occuper des affaires de la Nouvelle-Calédonie. (?) que le constat, hélas, c'est qu'aujourd'hui, avec les changements permanents de ministres et de cabinets, et de tout ce qu'on veut, nous n'avons pas de mémoire complète du dossier calédonien au sein de la structure État, et ça, c'est nécessaire dans la situation qui est la nôtre, de sortie de l'Accord de Nouméa sur les cinq années à venir. Il faut absolument créer cette structure pérenne.

 

Journaliste :La campagne a commencé. Comment allez-vous aborder, parler de ce sujet si important, qui ne mérite peut-être pas la polémique, avec vos militants, vos sympathisants ? Charles Washetine :

 

Charles Washetine : Je crois que les Calédoniens ont tout à gagner. Si on se sort de ces débats que je considère stériles, parce qu'on se préoccupe avant tout de leur quotidien. Je crois que c'est ça qui incombe, c'est la responsabilité première de ceux qui seront élus, demain, de s'intéresser à ce qui se fait. Au lendemain des élections, il va y avoir une majorité au Congrès. Nous, ce qu'on souhaite, là aussi, dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord, que les compétences logées en l'article 27 soit également transférées, que ceux qui y siègent travaillent au transfert de ces compétences-là. On le souhaite, c'est à la faveur de la majorité simple. Je le dis, parce que ça participe de la mise en œuvre de l'accord. Ce qui importe, c'est qu'on travaille pour le compte des Calédoniens.

 

Journaliste : Rock Wamytan, quelle place pour l'avenir institutionnel dans la campagne de terrain ?

 

Rock Wamytan: Je crois qu'il ne faut pas se fermer les yeux. Ce sera le sujet principal, pourquoi ? Parce que tous les yeux sont tournés vers la question de l'avenir institutionnel. Évidemment qu'on va parler des problèmes de santé, du développement économique, etc., mais il n'en reste pas moins qu'au vu du déroulé de l'accord, nous sommes en train d'arriver vers la fin du processus de l'Accord de Nouméa, évidemment que tout le monde va parler de ça. Et nous, au niveau de notre groupe, nous allons en parler, nous allons proposer aux Calédoniens quelle est la vision du monde indépendantiste, des partis indépendantistes, c'est évident que nous allons parler de ça.

 

Journaliste : Thierry Santa, quelle responsabilité dans cette campagne ?

 

Thierry Santa :C'est sûr que ce sera, comme vient de le dire Monsieur Wamytan, un des thèmes essentiels de cette campagne. Ça ne sera pas le seul, puisque le projet de société va être débattu et différents projets seront présentés aux Calédoniens, mais ça restera malgré tout un thème essentiel. Nous, notre objectif, c'est de sortir définitivement de cette logique de confrontation, que chacun se mette autour d'une table et travaille ensemble pour rassurer les Calédoniens. La proposition d'un troisième accord sur une longue durée, nous en sommes convaincus, permettra aux familles, aux entreprises, à toutes personnes de faire des projets à long terme, et donc de relancer l'économie et de continuer à vivre avec la qualité de vie qui est la sienne aujourd'hui. C'est le fond de notre démarche et nous espérons pouvoir convaincre tous les Calédoniens, de quelqu'obédience qu'ils soient, puisque nous sommes convaincus que même les électeurs indépendantistes sont capables de comprendre ce message et que toute la population, la majorité qui aujourd'hui est de 60-40 à peu près, évaluera encore d'avantage dans les années à venir.

 

Journaliste : Philippe Gomès, peut-on extraire cette question de l'avenir institutionnel, d'une campagne que vous avez, Calédonie ensemble, pour l'instant, voulu relativement agressive ?

 

Philippe Gomès: Si faire le bilan de ce qui a été fait ces trois dernières années par la coalition au pouvoir, c'est agressif, non, juste une photographie avant qu'on passe à une nouvelle image. C'est ce qu'on a fait, et maintenant, on développe un projet qu'on a d'ailleurs commencé à développer dès le mois de juin 2013, lorsque nous avons tenu notre congrès à Dumbéa. Ce que je souhaite dire, c'est que le suffrage universel va s'exercer le 11 mai. Les Calédoniens vont décider qui les représente, et ceux qui les représenteront auront la lourde charge de trouver la porte de sortie de l'Accord de Nouméa. C'est une responsabilité importante, probablement la plus importante qu'on ait confiée à des élus depuis les Accords de Matignon. J'appelle simplement l'attention des auditeurs sur ce point-là. Ce que je souhaite dire également, c'est que je ne veux pas d'accord qui soit, cette fois-ci, négocié un petit peu entre quelques-uns, et ensuite, imposé au peuple. Je crois que, plus on fera participer la société civile à ces accords, plus on ouvrira les portes des discussions, des échanges, plus on mettra sur la place publique les projets, mieux les accords seront susceptibles d'être acceptés et d'être portés par l'ensemble du peuple calédonien, parce que c'est ça qui compte au bout de l'affaire, c'est que le peuple calédonien adhère à la démarche de dialogue et au projet qu'on arrivera, j'espère, je souhaite, à construire ensemble.

 

Journaliste : Sonia Backes :

 

Sonia Backes : Ce que je constate, c'est que les Calédoniens attendent qu'on leur redonne confiance dans l'avenir. Le sujet de l'avenir institutionnel va être au cœur de cette campagne. Ce que je souhaite, c'est que ce ne soit pas un sujet polémique, parce qu'on voit bien, la constitution du Congrès et de la province fait qu'aucun des partis qui sont autour de la table n'aura de majorité seule. On sera obligés de se mettre d'accord sur l'essentiel, et c'est notre engagement. Et on voit bien qu'on est d'accord sur un certain nombre de choses. Philippe Gomès nous a rejoints en disant qu'il y a de moins en moins de choses à négocier, au final, parce qu'on est aux confins de l'autonomie. On voit bien qu'on peut se rassembler sur l'essentiel, on a des différences, et c'est ce qui fait que le 11 mai, il faudra que les Calédoniens s'expriment sur ceux qui ont le projet le plus clair, la méthode et le calendrier le plus clair pour l'avenir institutionnel, mais il faudra que le lendemain, on soit capable, je parle des loyalistes, de se mettre d'accord pour ensuite engager des discussions avec les indépendantistes.

 

Journaliste : Merci à tous les cinq d'avoir débattu, ce midi, sur NC 1ère.

 

 

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:29

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Retranscription "mot à mot

Journaliste : Rock Wamytan, bonsoir !

Rock Wamytan : Bonsoir !

Journaliste : Vous êtes le président du Congrès, une des figures de l'UC, vous arrivez tout juste de Lifou, où se tient le 44e congrès de l'UC. Actuellement se déroule l'élection du président et vous faites partie des quatre candidats proposés par les comités locaux, avec Pierre Chanel Tutugoro, Daniel Goa et Gilbert Tuyénon. Qu'est-ce que ça vous fait d'être plébiscité ?

Rock Wamytan : C'est pas un plébiscite puisque ce sont des propositions qui émanent des comités locaux. Les structures de l'UC sont ainsi faites que ce sont les comités, donc un comité local par commune, ce sont des comités locaux qui font des propositions de candidats.

Journaliste : Oui, mais votre nom est avancé.

Rock Wamytan : Personne ne peut se porter candidat d'office. Bien sûr, mon nom est avancé. C'est pas la première fois puisque dans les congrès passés, mon nom a été, à plusieurs reprises, avancé, soit sur le poste de président, soit sur les autres postes de bureau.

Journaliste : À votre avis, est-ce que Daniel Goa, l'actuel président et vu les échéances qui se profilent, a-t-il une chance d'être maintenu dans sa fonction ?

Rock Wamytan : Je pense qu'il sera maintenu dans sa fonction. Maintenant, ça dépend des discussions qui ont eu lieu, cet après-midi, en fin d'après-midi, et en début de soirée, juste avant les élections pour le renouvellement du bureau.

Journaliste : On aura les résultats dans quelques instants.

Rock Wamytan : Oui, c'est ça, peut-être avant 20 h.

Journaliste : C'est le dernier congrès avant les échéances électorales. Il a beaucoup été question d'avenir institutionnel, et de cette idée d'assemblée constituante proposée par Daniel Goa. Est-ce que vous avez avancé sur cette question ?

Rock Wamytan : Il y a eu un atelier de travail qui a été chargé de plancher sur cette question de sortie de l'Accord, et dans le cadre des travaux et des débats, dans cet atelier, effectivement, monsieur Goa a eu toutes latitudes pour expliquer ce qu'il entendait par la mise en place de cette assemblée constituante. Il y a eu des débats dont je ne peux pas donner la teneur ici parce que le futur président de l'UC le dira demain ou après-demain. En tout cas, on a eu un premier stade au niveau des ateliers de travail, et cet après-midi, au moment où j'ai quitté Lifou, il y a eu un débat général devant plusieurs centaines de délégués de l'UC, présents sur le site de Drehu.

Journaliste : Et vous, êtes-vous, vous-même, convaincu de cette proposition de Daniel Goa, parce qu'on sait que vous étiez un petit peu étonné de cette proposition, que vous n'adhériez pas totalement ?

Rock Wamytan : J'étais, d'ailleurs comme tous les responsables de l'UC, et même les militants, nous avons tous été surpris de cette proposition du président Goa, puisqu'il s'agissait d'une proposition du président et non de la proposition de la structure UC. Bien sûr, les uns et les autres ont réagi, mais je crois que c'est ce que souhaitait le président Goa pour peut-être faire bouger les lignes ou quelque peu titiller les militants, de façon à ce qu'une réflexion de fond puisse être menée, sur le timing qui est maintenant…, qui doit être mis en place, entre 2013 et la sortie de l'Accord de Nouméa.

Journaliste : Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette assemblée constituante ?

Rock Wamytan : L'assemblée constituante, telle que nous l'a expliquée le président Goa, c'est une assemblée constituante comme certains pays l'ont mise en place, comme la France a mis en place une assemblée constituante, après la révolution de 1789, actuellement, la Tunisie, après la révolution en Tunisie…

Journaliste : Le printemps arabe.

Rock Wamytan : Ils ont mis une assemblée constituante. C'est une assemblée qui est chargée de d'élaborer et de rédiger et de proposer à la nation un projet de constitution.

Journaliste : Le projet de l'UC ou un projet qui serait discuté avec d'autres partis ?

Rock Wamytan : Moi, dans ma compréhension des choses, c'est pas le projet de l'UC. L'UC a un projet, le FLNKS aussi a un projet, puisque nous avons déposé notre projet de constitution au niveau de l'ONU, mais c'est plus un projet de constitution qui sera débattu par une assemblée d'élus, par la Nouvelle-Calédonie par exemple. Et ce sont ces élus-là qui vont donc plancher sur un projet de constitution pour le futur pays.

Journaliste : Avant de réagir, Rock Wamytan, je signale juste aux téléspectateurs qu'il y a des microcoupures et que c'est indépendant de notre volonté, un problème de satellite. Vous avez entendu Élis qui disait s'inquiéter par rapport à l'avenir institutionnel, cette notion d'indépendance, finalement, il se demande ce qu'il y a derrière ce que vous proposez. Il y a peut-être pas assez d'explications par rapport à ça.

Rock Wamytan : Ce qu'il faut noter dans la réaction de ce micro-trottoir, c'est que toutes ces personnes qui se sont exprimées sont conscientes, expriment leurs motivations de connaître ce qui va se passer dans les mois et années qui viennent. Ils sont conscients de cela. Moi, j'ai été frappé par le nombre de jeunes qui assistent actuellement à ce congrès de l'UC.

Journaliste : D'ailleurs, dans ce micro-trottoir, il y avait un des jeunes qui expliquait qu'ils aimeraient bien que les jeunes soient plus partie prenante dans les discussions.

Rock Wamytan : Oui, tout à fait. Ils ont d'ailleurs proposé qu'il y ait un jeune qui occupe le poste de commissaire général de l'UC, et qu'ils soient placés sur des postes éligibles au sein des listes communales et provinciales. Donc, on sent quand même une motivation de leur part, et on sent qu'ils sont inquiets aussi, parce qu'ils se demandent ce qui va se passer dans les mois qui viennent et je pense que c'est une inquiétude qui est saine, tout à fait normale (Coupure)…sont organisé depuis vendredi.

Journaliste : La jeunesse calédonienne, c'est une préoccupation. Il y en a qui n'ont pas d'avenir, il y a des problèmes de repères, il y a des problèmes d'identité. Est-ce que vous avez un programme, un plan Marshal peut-être, pour cette jeunesse ?

Rock Wamytan : Je pense qu'il faut leur donner des raisons d'espérer, d'espérer en ce pays, et d'espérer que les programmes que nous allons mettre en place pour eux, dans les années qui viennent, puissent leur donner un sens à leur vie. Je voudrais rappeler, qu'à plusieurs reprises, les responsables sont venus dire, répéter ce qu'a dit Kennedy, si je ne me trompe pas : ne te demande pas ce que la Kanaky-Nouvelle-Calédonie ou la Nouvelle-Calédonie-Kanaky va t'apporter, mais pose-toi la question qu'est-ce que toi, tu peux apporter pour ton pays. Et ça, je pense que c'est important, parce qu'on interpelle la jeunesse. La jeunesse, elle est là, elle est prête, elle veut faire quelque chose, elle veut apporter sa contribution. Mais maintenant, il faut les appeler, il faut leur offrir quelque chose de façon à ce qu'ils puissent s'exprimer et exprimer concrètement, peut-être le fond de leur pensée.

Journaliste : C'est pour répondre à leur espérance, mais vous avez un programme pour la jeunesse ?

Rock Wamytan : On a un programme pour la jeunesse, bien sûr. Nous sommes entrain de travailler sur ce programme-là. C'est un vaste chantier, parce qu'il ne faut pas oublier que notre jeunesse est confrontée à des défis majeurs au niveau de la société. On a beaucoup d'exclusion, beaucoup sont marginalisés, ont été mis sur le côté par rapport à leur parcours scolaire, etc. Donc, il faut les rattraper, il faut les ramener dans le droit chemin, et c'est pas toujours facile. Nous sommes en train de réfléchir sérieusement à ces questions-là, et nous allons bien sûr leur proposer des programmes, quand le moment viendra, pour la campagne électorale bien sûr.

Journaliste : Parlons stratégie unitaire indépendantiste. Les discussions, est-ce qu'elles avancent par rapport aux autres partis ?

Rock Wamytan : Oui, bien sûr, parce que ça remonte à des décisions qui ont déjà été prises l'année dernière, lors de notre congrès de La Foa, avec un objectif : l'unité. C'est un des thèmes majeurs de notre programme. De notre congrès, plutôt. Comment réaliser l'unité des mouvements indépendantistes pour pouvoir atteindre la majorité au niveau du congrès et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Journaliste : Les trois cinquièmes pour pouvoir peser sur la discussion.

Rock Wamytan : Voilà. Déjà la majorité relative ou la majorité absolue au Congrès.

Journaliste : Mais est-ce que c'est réaliste, ça ? Vous avez, à un moment donné, demandé à ce que les Loyaltiens qui résident sur Nouméa s'inscrivent sur la liste, mais il y a cette histoire aussi de continuité territoriale. Est-ce qu'ils vont pas perdre aussi quelques avantages ?

Rock Wamytan : Ça, je ne sais pas, mais en tout cas, c'est le mot d'ordre qui a été lancé par le parti, c'est donc une inscription dans la province Sud parce que le potentiel des voix, c'est bien dans la province Sud que nous pouvons augmenter la participation. Depuis les élections de 2009, nous n'avons que quatre élus sur quarante. Nous sommes en train, de motiver les personnes des îles qui habitent…, et même les gens du Nord, par exemple, qui habitent sur la province Sud, tout simplement de s'inscrire à la province Sud. Ça se passe pas toujours très bien, parce qu'on a quand même des difficultés à les faire inscrire, mais en tout cas, c'est notre objectif, de façon à ce qu'il y ait plus d'indépendantistes qui puissent voter à la province Sud, pour que nous soyons mieux représentés au sein de l'assemblée de la province Sud et, par voie de conséquence, au Congrès.

Journaliste : L'indépendance, pour vous, n'est pas négociable, vous l'avez dit à plusieurs reprises. Mais précisément, quelle indépendance ? Parce que l'éventail est quand même assez large.

Rock Wamytan : Quelle indépendance ?

Journaliste : Qu'est-ce que vous entendez par indépendance ? Indépendance totale, indépendance en préservant des liens plus ou moins distendus avec la France…

Rock Wamytan : Non, non, c'est l'indépendance totale. Il y a 192 pays dans le monde qui sont indépendants, pourquoi pas la Nouvelle-Calédonie-Kanaky ? Donc, nous nous battons pour d'abord l'indépendance de notre pays. C'est un droit, c'est pas un rêve, c'est pas une illusion. C'est un droit. Donc, nous nous battons pour cela et nous nous organisons pour atteindre cet objectif de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Pas toute seule, puisqu'aucun pays n'est indépendant, seul dans le monde. Nous, nous faisons partie d'une région. Je l'ai toujours dit que nous faisons partie d'une région, c'est la réalité géographique. Nous sommes un pays mélanésien, il y a 10 millions de Mélanésiens autour de nous, il y a l'Australie et la Nouvelle-Zélande, avec les pays de la Polynésie et les pays de la Micronésie. Voilà notre région naturelle. Donc, notre indépendance demain, ça se construit avec la région océanienne.

Journaliste : L'indépendance, comment est-ce qu'on la finance ? Parce que, le nickel, on le sait bien, ne suffira pas, d'autant que le fonds de garantie pour les générations futures n'est toujours pas mis en place. Quel est votre plan de financement pour assumer, demain, ce que vous souhaitez ?

Rock Wamytan : Déjà les ressources, on a quand même le nickel, outre les ressources naturelles, nous avons des ressources humaines, quand même, en Nouvelle-Calédonie, nous avons une économie qui marche, etc. Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut aider l'économie à se développer, aider l'économie, d'abord, à se moderniser…

 

Journaliste : L'économie hors nickel, vous voulez dire ?

Rock Wamytan : Dans son ensemble. Réduire notre dépendance financière vis-à-vis de la France, parce que la France, elle va pas éternellement nous transférer tous ces milliards d'argent par an. À un moment donné, elle va bien falloir s'arrêter, parce qu'en plus, il y a la crise, là-bas. Donc, c'est à nous, ici, à voir, sur place comment nous pouvons moderniser notre économie, et puis adapter notre économie à la région dans laquelle la Nouvelle-Calédonie se situe.

Journaliste : Plusieurs experts en droit public et économistes, dont Édouard Léonie est Gaël Lagadec, ont écrit que la Nouvelle-Calédonie ne veut pas assumer les transferts de compétences régaliennes. La défense et la monnaie, notamment. Pourquoi les réclamer alors, si c'est difficilement…

Rock Wamytan : On ne les réclame pas. C'est quelque chose de tout à fait normal. Lorsqu'un pays devient indépendant, l'autorité de tutelle qui l'a colonisé pendant des années, des années et des années, lui cède tous ces droits. C'est comme ça, ça se passe partout comme ça. Maintenant, il y a ces compétences que vous dites régaliennes. On va regarder de près chaque compétence, on va savoir, on va se demander, par exemple, si on a besoin d'une armée. Est-ce qu'on a besoin d'une armée ? On sait pas. Donc, il faut en discuter. Nous avons l'Australie à côté de nous, il y a des choses négociables, mais actuellement, justement, par rapport au rapport des experts du comité de pilotage de l'avenir institutionnel, malheureusement, toutes leurs hypothèses, c'est avec la France. Nous, on essaye de voir avec les autres pays et notamment les pays de la région, notre région naturelle.

Journaliste : Rock Wamytan, merci beaucoup.

Rock Wamytan : Merci.

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 07:48

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Roch Wamytan , président du Congrès et l’un des leaders du FLNKS, était au dernier comité des signataires . Il a profité de son déplacement à Paris pour se rendre à New York , à l’occasion de la quatrième commission des Nations Unies pour la décolonisation et de ses différentes rencontres pour aborder la question du corps électoral mais aussi les questions économiques comme celle d’une meilleure intégra ion de la Nouvelle -Calédonie dans sa zone géographique.

DNC : Vous revenez du comité des signataires et d’un déplacement à la commission des Nations-Unies où vous avez largement évoqué la question de la liste électorale spéciale…

Roch Wamytan : Suite à la création d’une mission politique citoyenneté, nous avons procédé à des travaux de vérification et nous avons trouvé des anomalies. Nous n’avons pas d’explications disons… officielles, mais on a constaté que des personnes ne répondent pas aux critères pour figurer sur la liste spéciale. Notre méthode est simple et je tiens à préciser tout d’abord que nous n’aurions pas pu faire ce travail si le Haut-commissaire n’avait pas mis la liste générale de 1998 et le tableau annexe à la disposition de nos délégués. Cela faisait pourtant un certain nombre d’années que nous les avions demandés. Nous avions fait des courriers au Haut-commissaire et même au Premier ministre de façon à ce que ce travail soit fait en toute transparence et que les commissions de révision des listes électorales présidées par des magistrats puissent avoir accès à ces listes. Jusquelà, on nous répondait que le tableau élaboré avant le référendum de ratification de novembre 98 était perdu.

DNC : On vous reproche de ne pas avoir signalé ces « anomalies » plus tôt, d’avoir attendu la veille des élections…

Roch Wamytan : La raison est toute simple. le Haut-commissaire vient seulement de nous permettre l’accès à ces documents, pas plus de deux mois, et ce n’est pas faute de les avoir demandés. Et désormais, tous les bureaux de vote au niveau des communes pourront disposer des listes générales de 98 et du tableau annexe.

 DNC : Ce qui n’était pas le cas avant ?

Roch Wamytan : Eh bien non, ce n’était pas le cas. Et pour répondre à la question précédente, nous n’agitons pas le chiffon rouge à la veille des élections. J’insiste là-dessus, nous ne souhaitons exclure personne, nous voulons simplement que l’Accord de Nouméa soit respecté. Si quelqu’un peut expliquer les anomalies que nous avons constatées dans le cadre de l’Accord de Nouméa et bien cela n’ira pas plus loin, c’est tout. Et l’accès à la liste et au tableau était une chose essentielle pour vérifier que la loi soit respectée, nous n’en demandons pas plus. Nous avons donc commencé le travail sur la liste spéciale de 2011 et maintenant en 2013 puisque la commission de révision a eu lieu.

DNC : Sur quelle base ou quels critères faites-vous les vérifications ?

Roch Wamytan : Nous avons ciblé un public de personnes nées hors du territoire avant le 31 octobre 1980, c’est-à-dire ayant eu 18 ans au moment du référendum de ratification de l’Accord de Nouméa. Si l’une de ces personnes est sur la liste spéciale, normalement, on la retrouve sur le tableau de 98. Or, il s’est trouvé qu’il y a des cas de personnes qui ne répondaient pas à cette exigence. Quelques dizaines de cas n’auraient pas été graves mais là, cela porte sur des dizaines, des centaines et, par estimation, on peut aller jusqu’à plusieurs milliers de personnes. à partir du moment où ça peut avoir un impact sur le déclenchement du référendum d’autodétermination, nous avons estimé qu’il était de notre devoir de dire à l’ONU qui en 1986, a réinscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser.

DNC : Vous avez demandé une mission d’observation du processus électoral des Nations-unies, qu’en attendez-vous ?

Roch Wamytan : Il faut que l’exercice du droit à l’autodétermination se fasse dans les meilleures conditions possibles et l’ONU est là pour y veiller. S’il s’agissait d’une simple élection de renouvellement des assemblées de provinces, à la limite on l’aurait signalé, sans plus. Mais là, nous ne comprenons pas comment les commissions de révision ont laissé passé ça. Si les commissions de révision, présidées par des magistrats français, ne nous font pas confiance, à ce moment-là nous devons nous tourner vers l’ONU. Si le corps électoral est faussé ou tronqué cela touchera à la sincérité du vote.

DNC : Dans un tout autre registre, vos différents déplacements ont été l’occasion d’aborder des thèmes économiques et notamment celui de l’intégration régionale. Quel a été plus précisément l’objet des discussions ?

Roch Wamytan : Tout le monde parle de l’intégration régionale et donc de la place de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement. Nous sommes dans un pays mélanésien, à 18 000 km de la France et de l’Europe. Et nous partons aussi du principe que les organisations régionales sont en train de se constituer, de se renforcer et de se structurer. Il y a notamment le Forum des Iles du Pacifique mais aussi une organisation subrégionale dans laquelle la Nouvelle- Calédonie est partie prenante par le biais du FLNKS : le groupe du Fer de lance mélanésien. Elle prend de plus en plus d’importance du fait qu’elle représente l’ensemble des pays mélanésiens avec la Papouasie-Nouvelle Guinée, les îles Salomon, Fiji et le Vanuatu. Lorsque l’on se sera mis d’accord, on pourra envisager d’avoir un siège à part entière ou un siège d’observateur dans les années qui viennent. Et son importance est évidente, plus de 92 % des terres de la région, hors Australie et Nouvelle-Zélande, et plus de 85 % de la population est là, dans le monde mélanésien. Nous sommes plus de 10 millions de personnes ce qui représente un marché important. Et on constate que le centre du monde se déplace vers nous, vers la région Asie-Pacifique. Il faut jouer cette carte à fond. Nous devons prendre en main notre destin dans cette région du monde qui est le centre de la croissance mondiale et nous avons un potentiel.

 DNC : Notre économie est tout de même peu compétitive. Le potentiel dont vous parlez est-il constitué de nos ressources naturelles ?

Roch Wamytan : Oui, notre économie est peu compétitive mais nous avons effectivement un potentiel immense en terme de ressources naturelles. Le monde mélanésien est en train de s’organiser. Après avoir été sous la domination des grandes puissances, il faut maintenant que l’on s’organise et que l’on trouve notre place dans le Pacifique qui est notre région. Pour que nos économies se structurent, il faut poser des jalons et créer des partenariats. La Papouasie, les îles Salomon, ils ont du nickel. L’Indonésie aussi. C’est un des pays les plus importants en matière de nickel. Demain on pourrait imaginer mettre en place des organisations entre nous et l’Australie sur le marché du nickel et pourquoi pas constituer une organisation de style OPEP.

DNC : Mais emprunter cette voie n’est-ce pas se heurter aux intérêts stratégiques de la France ?

Roch Wamytan : C’est tout le problème de la France qui a ses intérêts dans le Pacifique et dans le monde. Cela se négocie, mais nous qui sommes indépendantistes, il est évident que nous défendons avant tout l’intérêt de notre pays. La France est suffisamment grande pour défendre ses propres intérêts. On peut imaginer des partenariats, nous sommes liés par la langue, la culture et l’histoire, mais nous sommes sous tutelle. Nous avons un potentiel, nous avons un pays à construire et une vision. En tant que responsables indépendantistes, nous défendons d’abord l’intérêt du pays et de ses habitants. Le lien avec la France c’est une question politique. Mais on entend souvent que la Calédonie est l’un des porte-paroles de l’Europe dans le pacifique. Nous ne sommes pas sur cette ligne-là, nous n’avons pas à porter la parole de qui que ce soit. Nous avons à porter notre parole et celle de la population calédonienne dans le Pacifique.

DNC : Vous parlez de partenariats avec des pays de la région, ne redoutez-vous les appétits de la Chine, notamment en matière de nickel, qui est déjà en contact avec la SMSP ?

Roch Wamytan : La Chine est un partenaire économique puissant et qui a d’énormes besoins. Nous ne pouvons pas être tout seul. C’est pour cela qu’il faut être dans des organisations régionale puissantes, les rendre encore plus fortes et notamment le Fer de lance et le forum du Pacifique, et être en relation avec des pays asiatiques, comme l’Indonésie. L’Indonésie cherche aussi sa route au niveau du nickel, à avoir notamment la main sur ses réserves de nickel. Avec la distribution des ressources qu’il y a dans les pays mélanésiens et en Indonésie, comment fait-on pour construire ensemble face à la Chine ? On peut y arriver mais il faut des discussions. C’est aussi dans cette optique que l’on va participer à une mission en Indonésie dans 15 jours dans le cadre d’une conférence internationale sur le nickel à Jakarta.

DNC : On parle beaucoup de nickel mais l’économie calédonienne ne se résume pas non plus seulement au nickel. En s’intégrant davantage dans notre région, n’y a-t-il pas un risque de se faire avaler par des économies comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ?

Roch Wamytan : Il faut le faire par étape. L’approche arrêtée par les accords de libre-échange du Forum des îles du Pacifique, dits PICTA, vont se faire en deux temps. Le premier accord commercial concerne les États insulaires et s’échelonne sur une durée déterminée de façon à ce que les économies puissent se moderniser et se structurent afin d’avoir des échanges gagnantgagnant. Le deuxième temps sera d’amener tous ces pays à un niveau qui leur permette d’échanger librement avec la Nouvelle- Zélande et l’Australie. Au niveau du Fer de lance, l’accord passé en 98 devient une réalité et se concrétise depuis 2006-2007 sur une liste de produits donnés. Il est prévu dans le texte que la Calédonie ait toute sa place pour être partenaire de cet accord. On attend plus que le gouvernement ouvre ce dossier. Mais cela implique que nous aussi nous fassions un travail. C’est ce que l’on est en train de faire avec les accords économiques et la commission fiscalité… Dans le but de moderniser l’économie calédonienne et de pouvoir intégrer des accords de libre échange avec les pays mélanésiens et avec les pays du forum des îles.

 

propos recueillis par Simon Govelle

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:02

wamytan.pngLe chef de la délégation UC/FLNKS n'a pas apprécié de participer à un Comité des Signataires ne respectant pas les règles d'usage.

 

"Lors des Comités des Signataires précédents, les déclarations des chefs de délégation étaient prévues à l’ordre du jour puis reprises synthétiquement dans le relevé de conclusions. Depuis un certain temps, ces déclarations n’apparaissent plus dans le relevé de conclusions. De même les signataires ne sont plus invités à apposer leur signature au bas du document. Enfin, lors de ce dernier comité, ils n’ont pas été invités à relire le relevé lequel a été présenté seulement par oral" a déclaré Roch Wamytan dans un communiqué.

 

"Il a fallu que la délégation UC/FLNKS insiste pour que le chef de délégation puisse faire la déclaration politique" s'est aussi indigné Roch Wamytan qui défend avec vigueur l'idée que FLNKS doit conserver sa place légitime au sein du Comité des Signataires: "La parole du FLNKS, signataire de l’accord de Nouméa doit être sauvegardée à sa juste place. Elle ne doit pas être noyée du fait d’un élargissement sans fin mais calculé de la composition de ce Comité des Signataires. Il est donc important de revenir à chaque fois aux fondamentaux, et ainsi de réaffirmer que les Signataires sont: l’Etat,le FLNKS (partis indépendantistes) et le RPCR (partis non indépendantistes)".

 

Roch Wamytan conclut que malgré tous ces aléas, le bilan de ce Xème Comité des Signataires est satisfaisant mais selon le chef de la délégation UC/FLNKS, il a fallu lutter pour faire entendre la voix du FLNKS face à un "ministre des Outre-mer monopolisant la parole"...

 

Roch Wamytan sera de retour en Nouvelle-Calédonie, ce jeudi.

 

Par Angela Palmieri, NC 1ère publié le 11/12/2012.

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 20:58
12296022_signataires_noumea_0.jpgRetranscription "mot à mot" OFM
Journaliste : Votre sentiment, Monsieur Wamytan sur le comité des signataires :

Rock Wamytan : L'état d'esprit de ce comité des signataires a été bon. Tout à fait au début, on s'est posé la question, dans quelles conditions allait se dérouler ce comité des signataires, à partir du moment où c'est le premier comité des signataires sous le gouvernement socialiste. Les socialistes ont présidé deux comités des signataires sur les dix que nous avons tenus depuis la signature des Accords de Nouméa, donc, on s'est posé la question, puis finalement, ça s'est bien passé. Je pense que ce qu'on peut retenir, en tout cas au niveau de l'ensemble des dossiers qui ont été abordés, c'est l'esprit pays, c'est la volonté, après 25 ans de provincialisation, cette volonté de l'ensemble des signataires de l'ensemble des responsables des collectivités, de se dire : nous avons développé nos provinces, mais si nous continuons sur cette lancée, peut-être que nous allons favoriser la partition de la Nouvelle-Calédonie. Il y a une prise de conscience avec la gestion des dossiers, chacun à leur niveau, et là, on a senti, à ce comité des signataires, ce sentiment émerger et se traduire, en termes décisions, dans les décisions que nous avons prises, notamment sur la question du Copil du CSI, par exemple, la stratégie industrielle. Tout le monde s'est dit qu'il faut travailler pays, il faut qu'il y ait de la discussion entre les provinces, les présidents des provinces, le président du gouvernement, le président du Congrès, le représentant de l'État pour arriver, ensemble, à poursuivre les dossiers relatifs à ce Copil stratégie industrielle, et arriver à une solution, en les mettant en perspective pays. Je pense que c'est quelque chose d'important, mais sur l'ensemble des dossiers, j'ai ressenti cela. Donc, c'était quelque chose de très fort.

Journaliste : Vous ne regrettez pas d'être venu ?

Rock Wamytan : Non, je ne regrette pas d'être venu. Bien sûr, on s'est posé la question, mais c'est légitime de se poser la question, s'il faut venir, s'il faut pas venir. Nous avons décidé de venir, on est venus, et il ne faut pas le regretter. La seule critique que je pourrais faire, on avait commencé à en parler un peu, c'est cette position un peu trop affirmée de la neutralité de l'État, du gouvernement, de l'équidistance entre les uns et les autres. Nous, en tant que responsables du peuple kanak, on se dit que l'État français, c'est quand même notre colonisateur, nous revendiquons quand même un petit plus par rapport à cela, du fait que nous sommes légitimes en Calédonie, que nous portons une revendication d'indépendance, et que, par rapport à cela, l'État doit nous accorder quelque chose de plus par rapport au fait que c'est quand même l'État qui a colonisé la Calédonie. C'est le petit regret que je peux exprimer.
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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 00:04

Retranscription "mot à mot"

RRB vendredi 31 août 2012

Journaliste : Nous recevons Rock Wamytan, l'ancien président du Congrès, bonjour.

Rock Wamytan : Bonjour.

Journaliste : Merci d'avoir accepté cette invitation. Vous étiez candidat à votre propre succession, vous étiez le candidat unitaire des indépendantistes, mais vous avez perdu la présidence au bénéfice de Gérard Poadja, le candidat de Calédonie ensemble. Il a recueilli la totalité des voix non-indépendantistes, 28 voix, et vous, 25. Franchement, vous vous attendiez à ce scénario ?

Rock Wamytan : Bien sûr, parce que nous avions évoqué les deux possibilités : la première possibilité : que je sois élu à la majorité relative au troisième tour ou cette possibilité-là, qui est arrivée. Je m'attendais, disons, que ce soit l'une ou l'autre, en fonction des décisions que devait prendre le Rassemblement.

Journaliste : Sur le déroulement du scrutin, vous arrivez en tête au premier et au deuxième tour, 24 voix, une de plus d'ailleurs que les indépendantistes, Simon Loueckhote, 17 voix, Gérard Poadja, 12. Vous avez pensé, à ce moment-là, que personne n'allait se désister ou vous avez vu très vite ce qui allait se passer ?

Rock Wamytan : À la fin du deuxième tour, après la proclamation des résultats, nous avions des rumeurs, des bruits qui courraient déjà depuis quelques jours, comme quoi Simon Loueckhote allait se désister au troisième tour. On se disait que, bon, peut-être, les discussions se sont poursuivies tôt dans la matinée, au sein du Rassemblement UMP, puisque, en fait, c'était le Rassemblement UMP qui avait la clé de l'élection. Le suspens a duré jusqu'au bout. Et au moment où madame Lèques a demandé s'il y a des candidats, quand j'ai vu que Simon ne levait pas sa main, je me suis dit : ah, je crois qu'il s'est plié.

Journaliste : Un mot sur le premier discours de votre successeur. Ce discours a été vivement critiqué, et vous, qu'est-ce qui vous a choqué dans cette prise de parole, est-ce que vous avez été choqué, ou non ?

Rock Wamytan : D'abord, j'ai été agréablement surpris, quand il m'a remercié par rapport au travail que j'ai effectué en tant que président de la commission de la vie chère. Ça, c'est vrai que c'est un travail dans lequel je me suis beaucoup investi, donc j'étais agréablement surpris que Calédonie ensemble ait reconnu ce travail que nous avons mené ensemble, avec les élus et l'intersyndicale USTKE. Et puis après, ça s'est un peu compliqué, son discours, j'étais même un petit peu choqué par rapport à ce qu'il a dit, notamment sur le président de l'UC, par rapport à ses propos. J'ai pensé que ce n'était pas le lieu idéal pour le faire. Il pouvait le faire, puisqu'il a été attaqué directement. Il aurait pu le faire, mais dans d'autres enceintes, pas au sein de l'hémicycle, au cours de son premier discours. C'est un discours d'investiture, en tant que nouveau président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et du fait aussi que c'est quelqu'un qui accède à cette fonction-là pour la première fois. Je pensais que c'était quelque peu déplacé de le dire à ce moment-là, il aurait pu le dire dans d'autres enceintes, au cours d'une conférence de presse ou…, voilà. Ensuite, ce qui m'a aussi interrogé ou en tout cas posé question, et un peu même inquiété, c'est quand il a commencé à parler des programmes qu'il souhaitait élaborer et proposer au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de façon à ce qu'ensuite, le gouvernement mette tout ça en place. Et là, je me suis dit : il s'est un peu trompé de fonction, parce que ça, c'est plus la fonction d'un président de gouvernement.

Journaliste : Il dit aussi que le fonctionnement du Congrès, quand il en prendra la présidence, sera plus transparent et plus démocratique. Vous ne l'avez pas pris, ça, comme une critique contre la manière dont vous avez géré…

Rock Wamytan : Là, j'ai pas compris…, c'est pour ça que je n'ai pas relevé ça, parce que j'ai pas compris ce qu'il a voulu dire exactement, parce que tout le monde avait reconnu le contraire. C'est-à-dire que depuis que j'étais président, ça a été la transparence. En tout cas, au niveau de la gouvernance, personne ne m'a fait de reproche au niveau du Congrès, au niveau de la bonne gouvernance du Congrès, dans la transparence. Le débat démocratique, je l'ai dit, puisque je l'ai dit à plusieurs reprises dans mes différents bilans, que le débat démocratique doit se faire au sein du Congrès, pas en dehors, et pas au gouvernement. C'est au niveau du Congrès qu'il fallait ramener le débat démocratique normal, un débat qui permet aux uns et aux autres de s'exprimer, non pas de venir profiter de cette enceinte pour contester tous azimuts, mais plus dans un cadre de participation à la réflexion, à l'analyse, à l'argumentation, au débat, argument contre argument, pour pouvoir trouver les compromis nécessaires sur les textes qui sont présentés. C'est pour ça que je n'ai pas très bien compris ce qu'il a voulu dire par là. Comme je suis le premier vice-président, et je pense qu'il le dira dans les prochains jours.

Journaliste : Calédonie ensemble a eu le sentiment, peut-être, que la minorité n'était pas assez prise en compte, et quand elle déposait des projets de textes, ils n'étaient pas forcément inscrits à l'ordre du jour. C'est pas ce qui s'est passé ?

Rock Wamytan : Moi, j'ai toujours tenté de prendre en compte toutes les propositions qui ont été déposées au sein du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. S'il a voulu faire référence à la commission spéciale sur le drapeau ou sur d'autres textes notamment au niveau du minimum vieillesse et puis un autre texte, là, sur la modification de la clé de répartition, on ne peut pas présenter ces textes ou faire en sorte que ces textes viennent au débat, soit dans les commissions ou ensuite en séance publique, s'il n'y a pas un minimum d'accords politiques, parce que ce sont des fondamentaux de l'Accord de Nouméa. Sur la question, par exemple, de la clé de répartition, on ne peut pas analyser ou en tout cas examiner n'importe quel texte. Il faut qu'il y ait un minimum d'accords politiques entre l'ensemble des formations politiques et l'ensemble des présidents de provinces. C'est ce que j'ai fait, d'ailleurs, puisque j'ai interrogé, dernièrement, l'ensemble des présidents de provinces sur l'éventualité de mettre en place un groupe de travail spécifique sur cette problématique-là. Sur les trois présidents de province, jusqu'à présent, ou en tout cas, jusqu'au 28 août, il y a uniquement que Paul Néaoutyine, président de la province Nord, qui a répondu et qui a dit que lui, il s'opposait à la mise en place de ce groupe de travail.

Journaliste : Gérard Poadja, pour justifier ses déclarations à l'encontre du président de l'UC, Charles Pidjot, dit qu'il répond au fait qu'il avait laissé entendre, la veille, que si vous n'étiez pas élu, les indépendantistes retourneraient sur le terrain. Est-ce qu'il y a des menaces, est-ce qu'il va y avoir des conséquences, est-ce qu'on peut envisager des troubles, des réactions des indépendantistes au fait que vous n'ayez pas été reconduit ?

Rock Wamytan : Mais tous les responsables politiques ont fait les mêmes déclarations. Philippe Gomès, qu'est-ce qu'il a dit quand il a été débarqué de la présidence du gouvernement ? L'année dernière, il a dit qu'il faisait quoi ? Il retournait sur le terrain. J'ai entendu Pierre Frogier, président de la province Sud, qui va proposer la démission de son poste, pour faire quoi ? Pour retourner sur le terrain. Donc, tout le monde est en train de retourner sur le terrain, là. Pourquoi ? Parce qu'il y a 2014 qui approche et que tout le monde va être focalisé sur 2014, puisque chacun sait que 2014, ce sera une échéance capitale.

Journaliste : Retourner sur le terrain, ça ne veut pas dire créer des troubles, de l'agitation, des barrages ?

Rock Wamytan : Ah ben maintenant, c'est à chacun d'interpréter à sa sauce. Moi, quand je parle de terrain, c'est aller devant nos populations, nos militants, d'expliquer ce qu'on fait, d'expliquer le projet que nous devons porter pour 2014. Pour moi, faire le terrain, c'est cela.

Journaliste : Autre conséquence envisagée après le fait que les indépendantistes aient perdu la présidence du Congrès, est-ce qu'il peut y avoir des conséquences institutionnelles, notamment des conséquences au niveau du gouvernement ? Est-ce que les indépendantistes peuvent provoquer la chute du gouvernement pour protester contre le fait que vous n'ayez plus, aujourd'hui, la direction de l'une des institutions importantes de la Calédonie ?

Rock Wamytan : Ça peut être une stratégie envisagée par le mouvement indépendantiste. Il y aura des réunions, courant la semaine prochaine ou l'autre semaine après, et je pense qu'à ce moment-là, soit l'UC, ou le Palika, ou même au niveau du FLNKS, des décisions seront prises à ce moment-là. C'est vrai qu'on a très mal ressenti le fait d'avoir été débarqué, en tout cas moi, et même l'ensemble du mouvement indépendantiste, d'avoir été débarqué de la présidence. Pourquoi ? Tout simplement pour la bonne raison qu'on était partis jusqu'en 2014. À partir du comité des signataires de 2010, on s'était arrêté sur un certain nombre d'éléments à mettre en place avec le partenaire, le Rassemblement UMP, l'avenir ensemble, l'Avenir ensemble et le Parti travailliste, et ce partenariat, parce qu'il s'agit d'un partenariat, il n'y a pas eu d'accord écrit entre nous, ou signé entre nous, ce partenariat devait se poursuivre normalement jusqu'en 2014. Or, il s'est passé qu'avec les élections législatives, il y a eu une lecture un peu spéciale du résultat de ces élections-là, du fait que le corps électoral était différent. Le corps électoral pour les législatives, il n'est pas celui des provinciales. Or, la légitimité des institutions à l'heure actuelle, elle repose sur les résultats des élections de 2009, pas de celles de 2012, pour les législatives. Il se trouve que Calédonie ensemble a su habilement surfer sur cette problématique-là en mettant en avant les résultats des élections de 2012 pour dire que maintenant, c'est à nous de gérer les institutions, d'avoir une place importante à l'extérieur.

Journaliste : Il faut rappeler que Calédonie ensemble avait parlé de coalition, dès le début, pour qualifier la majorité que vous formiez et qu'il avait même présenté les législatives comme un référendum contre votre propre présidence. Est-ce qu'il n'est pas logique qu'ils en aient tiré les conséquences…

Rock Wamytan : Ça, c'est la position d'un responsable politique parmi d'autres. Les indépendantistes ne se sentent pas liés par ce référendum lancé par Philippe Gomès, à la suite, du fait qu'il a été débarqué de la présidence du gouvernement. Nous, nous ne sommes pas liés, il ne s'agit pas d'un référendum. Il s'agit tout simplement d'une élection. C'est lui qui en a fait un référendum. Mais le problème, quand il a gagné ces élections-là, très curieusement…, je dis curieusement, parce que c'est un paradoxe, parce qu'il va utiliser le résultat de ces élections législatives, alors qu'on sait bien que ce n'est pas le même corps électoral qui s'est exprimé que celui de 2009. Il va utiliser ce résultat-là pour ensuite exiger des changements. Et les changements qu'il exigeait, c'est quoi ? Il était parti, quand même, à la campagne électorale avec au moins trois problématiques identifiées. Un, contre la levée du drapeau kanak. Deux, pas d'indépendantiste au Congrès, donc il faut démarquer Wamytan, et trois, cet accord secret d'une indépendance-association, qui était en train d'être organisée, fomantée derrière le dos des Calédoniens. Sur ces trois points-là, le drapeau, il y a eu un peu de rétropédalage qui a été fait. Sur l'indépendance-association qui est en train de se faire sur le dos des Calédoniens, il s'est avéré que c'est complètement faux, cette affaire-là. Il reste quoi, finalement ? Il reste à débarquer Wamytan. Donc, j'étais, quelque part, sacrifié, j'étais un peu un holocauste. À l'époque, au temple de Jérusalem, on offrait des holocaustes à Dieu, et là, c'est Wamytan qui a été offert en holocauste, au Dieu Gomès. Plus sérieusement, c'était la seule formule qui leur restait pour pouvoir bien s'afficher. Maintenant, une fois qu'ils sont affichés, moi, ce que je dis, je mets en avant notre vieille sagesse millénaire océanienne, il faut maintenant travailler. Il faut quand même que les choses se calment. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avons un an et demi et nous avons déjà trop pris de retard avec ce genre de conflits, les 15 dernières années qui viennent de se passer. Ça veut dire qu'il faut terminer le déroulé normal de l'Accord de Nouméa, puisque normalement, on arrive à la fin du processus et on a encore des choses à faire. Tous ces transferts-là, il faut les terminer. Les transferts de l'article 27, notamment sur la question de l'université, les communications audiovisuelles, etc., tout cela, il faut les terminer, de façon à ce que nous arrivons, en 2014, et nous aurons, à ce moment-là, respecté tout le déroulé de l'accord. Vous voyez ? Donc, c'est important. Moi, c'est sur cet axe-là sur lequel je me pose, pour dire que tous les conflits qui ont eu lieu depuis, à un moment donné, il faut que ça s'arrête, ça, au moins, pour terminer le travail. Pourquoi ? Parce que nous avons un pays à construire, et on ne peut pas, à chaque fois, à chaque pas que nous essayons de mettre, à chaque pierre que nous essayons de mettre à l'édifice que nous sommes en train de construire, nous occuper, à chaque fois, ou être des spectateurs des états d'âme des uns et des autres, des combats d'egos, etc. À un moment donné, il faut s'arrêter et puis il faut s'occuper des besoins de la population. C'est pour ça que sur la question de la vie chère, je me suis impliqué, mais personnellement et à fond, pour pouvoir arriver à signer cet accord le 12 juin dernier.

Journaliste : Au vu des résultats des législatives, est-ce que vous n'avez pas eu le sentiment que les Calédoniens non-indépendantistes n'avaient pas forcément compris cette nouvelle majorité et est-ce que vous ne portez pas votre part de responsabilité dans le fait qu'ils n'aient pas compris ? Les objectifs que vous poursuiviez ?

Rock Wamytan : En tout cas nous, de notre côté, ils nous ont bien compris. C'est à chacun sa tente, chacun sa maison. Nous, de notre côté, nous avons expliqué, on a quand même eu un peu de mal aussi à expliquer, parce que ce partenariat-là, entre des partis indépendantistes et partis non-indépendantistes, ce n'était pas bien compris dans notre camp et on a été pris à parti. Il a fallu expliquer, expliquer au niveau de l'UC, même au niveau du FLNKS. Un parti comme un groupe politique comme l'Uni, bon, l'Uni n'avait pas à partager spécialement ce partenariat. Donc, il a fallu qu'on explique. Du côté du camp non-indépendantiste, et notamment de l'initiateur, qui était Pierre Frogier, je pense qu'il y a eu une lacune à ce niveau-là ou un manque d'implication pour expliquer. C'était vraiment une bonne idée, une idée généreuse et un geste fort. Moi, je l'ai toujours dit, que c'est un geste fort. Encore, fallait-il que ce geste ou cette idée généreuse soit partagé par le lus grand nombre ? C'est là où il y a eu un manque d'implication, peut-être, de toute la structure politique, pour pouvoir informer et faire passer dans la population. Parce que, ce n'est pas quelque chose d'extraordinaire. Sur la question du drapeau, on l'a dit à plusieurs reprises. Le drapeau flotte en Nouvelle-Calédonie déjà depuis un peu plus de 20 ans. C'était pas quelque chose d'extraordinaire de lever le drapeau. Mais, par contre, il aurait fallu mieux l'expliquer. Le partage des responsabilités, au moment où le gouvernement Gomès tombe, on nous a proposé le poste de président du Congrès, c'est pas quelque chose aussi d'extraordinaire puisque c'était une question dont on avait débattue au moment des discussions en 1998. On avait essayé de voir dans quelle mesure les deux groupes, d'un côté, indépendantistes, et de l'autre côté, non-indépendantistes, puissent, en alternance, présider, ou le Congrès, ou le gouvernement. Donc, ce n'était pas quelque chose de farfelu ou d'hallucinant. Mais, voilà, c'est une autre chose qui a été aussi mal expliquée de la part du camp non-indépendantiste. Pour nous, ce n'était pas un problème.

Journaliste : D'autant plus que c'était très instrumentalisé par l'opposition ?

Rock Wamytan : Voilà, il y a eu cet élément là aussi. Philippe Gomès, avec Calédonie ensemble, ont vraiment instrumentalisé ce processus dans lequel nous nous sommes trouvés à partir de 2010-2011.

Journaliste : Mais tout de même, dès février dernier, Pierre Frogier vous demandait de faire preuve de moins de frilosité vis-à-vis de votre base, de plus de détermination et probablement, disait-il, de plus de courage. Et la semaine dernière, lors du comité directeur du Rassemblement, il a déclaré que les indépendantistes n'avaient pas été à la hauteur des enjeux que, par calcul ou par faiblesse, ils ont été incapables d'envoyer en retour les signes que, dit-il, nous étions en droit d'attendre. Avec le recul, vous regrettez pas de pas avoir su envoyer les signes qu'il fallait, pour convaincre davantage, des objectifs que poursuivait cette majorité ?

Rock Wamytan : Jusqu'à aujourd'hui, j'ai un peu de mal à savoir exactement, c'est de quels signes parle le président du Rassemblement UMP. Parce que, quand on en a parlé, de cette initiative, quand on a partagé sur cette idée généreuse, nous n'avions pas évoqué une contrepartie des indépendantistes. Et le problème, c'est qu'il aurait fallu une position commune de l'ensemble des mouvements indépendantistes. Or, il s'est trouvé que sur ce partenariat-là, nous n'avions pas une position commune au sein du mouvement indépendantiste, parce que l'Uni ne s'est pas associé, pour les raisons qui étaient les leurs, et ça a posé débat et des remous internes au FLNKS. Comment voulez-vous qu'on fasse des pas ou qu'on réponde à une sollicitation de la part du président du Rassemblement UMP, si nous-mêmes, on n'était pas ensemble pour pouvoir dire : ça sera la clé de répartition ou ce sera un pas en arrière, sur la question de l'indépendance ? C'est pas possible. Ça, c'était hors de question, ce n'était pas possible. Si nous étions tous ensemble, à accepter, et les propositions, et les demandes de contreparties, on va dire ça comme ça, peut-être qu'on aurait pu faire un geste, mais je ne sais pas quoi comme geste.

Journaliste : Est-ce qu'il n'y a pas eu des déclarations un peu violentes, un peu brutales, le fait de réaffirmer le refus de négocier, le fait de réaffirmer l'objectif de, je cite, Kanaky 2014 ? Est-ce que tout ça, ça n'a pas créé un climat qui donnait l'impression que, finalement, vous n'étiez pas en phase les uns, avec les autres ?

Rock Wamytan : Vous savez, le problème, c'est que, quand on parle devant une foule, quand on parle devant des militants, et quand la télé est là, on ne pense pas toujours aux partenaires institutionnels. On parle pour nos militants et on dit des choses. Le problème, c'est que la télé, ensuite, sur 20 minutes de discours, il va vous prendre seulement qu'un seul mot, et puis, ensuite, ça va partir dans tous les sens. Mais c'est comme nous, par exemple, de notre côté, lorsque le président Frogier a dit, dans une des grandes réunions, que la dernière concession, ce sont les indépendantistes qui allaient le faire en choisissant de rester avec nous dans la France. Mais nous, chez nous, au niveau des indépendantistes, on a été pris à parti, aussi, c'est-à-dire ceux qui étions dans ce partenariat-là, ont dit : vous avez vendu quoi ? Vous avez vendu la cause kanake à qui ? Il a pris cette posture-là. Je l'avais expliqué, ici, sur RRB, en tout cas, j'essaye d'interpréter ça comme main tendue, aussi, pour les discussions sur l'avenir du pays. Mais s'il est convaincu lui-même que ce sera la dernière concession que nous allons faire, ça, c'est sa position. Mais au moment où il annonce ça à ses militants et à ses responsables, nous, comme tout le monde, on entend à la radio et à la télé et on se demande : mais qu'est-ce qu'il a voulu dire, par là ?

Journaliste : Ça veut dire qu'aucun dialogue n'est possible et qu'entre indépendantistes et non-indépendantistes, la Calédonie est condamnée au bloc contre bloc, au moins, jusqu'en 2014 ?

Rock Wamytan : Non, je pense qu'à partir d'idées généreuses, comme celles de Pierre Frogier, je pense que c'est au niveau de la méthode. Ce sont des idées, mais ensuite, il faut bien caler la méthode, comment qu'on fait admettre ça à tout le monde parce que les gens, ils ne sont pas aussi bloqués que ça. Bien sûr, chacun a ses idées. Mais quand on a des idées nouvelles et généreuses, comme ça, il faut savoir les faire partager et on essaye de définir des méthodes et des stratégies. Peut-être, c'est un petit peu là qu'on a (?) les uns, les autres, parce que c'est une responsabilité, d'abord, et avant tout, du Rassemblement UMP, donc, de son chef. C'est lui qui a pris l'initiative. Nous, à notre niveau, comme je l'ai expliqué à plusieurs reprises, nous n'étions pas demandeur de cela. Ni de lever le drapeau, ni de présider le Congrès, ni d'ouvrir les discussions tout de suite, puisque nous sommes dans le déroulé de l'accord. À partir du moment où il nous fait cette proposition, c'est un responsable politique, c'est un signataire, donc, nous prenons en compte et nous prenons en considération ce qu'il nous propose. Donc, on se met ensemble et on discute pour voir comment qu'on peut avancer. Et je pense que c'est au niveau plus de la méthode, de la stratégie. Mais ça ne veut pas dire que tout est définitivement cassé. C'est sûr que, en tout cas, les indépendantistes, et notamment ceux qui sont proches, qui ont été dans ce partenariat-là, c'est vrai que nous avons très mal vécu ce qui s'est passé le 29 août, très, très mal vécu. Maintenant, il faut voir comment qu'il faut rebondir parce que, dans tous les cas de figure, à un moment donné, il va bien falloir discuter.

Journaliste : Les comités de pilotage qui avaient été lancés en juin 2010, un peu dans cet état d'esprit déjà de travailler ensemble, le comité des signataires, ça va pouvoir continuer comme avant ou le cœur n'y est plus et chacun va retourner dans son coin ?

Rock Wamytan : Les comités de pilotage ont fait un bon travail et le comité de pilotage du bilan a pratiquement terminé son travail. Il y a le comité sur l'avenir institutionnel, je pense qu'il faut continuer aussi le travail à ce niveau-là, même si ce partenariat que nous avons mis en place en 2010, qui est mort maintenant, c'est terminé, on en parle plus. Donc, il faut voir les choses maintenant différemment, les reprendre différemment, pour le bien du pays et pour le bien de notre population aussi, de façon, peut-être, un peu plus dans la transparence, ou je ne sais pas. On a besoin d'un peu de temps pour faire l'analyse sérieuse de la nouvelle donne née des élections législatives et puis la nouvelle donne du 29 août, là. On a besoin que les uns et les autres analysent bien la situation pour pouvoir ensuite poursuivre le travail. Mais il n'en reste pas moins que ces comités-là, ils ont leur raison d'être, pour moi, personnellement, et ça, ce n'est pas une position, que je donne, de parti ou même du FLN. Pour moi, personnellement, je pense qu'il faut continuer dans ce sens-là. Il faut continuer à faire vivre ces comités, mais c'est vrai que la confiance entre les uns et les autres a été quelque peu égratignée avec ce qui s'est passé le 29 août. Il y aura un travail de reconstruction au niveau de la confiance qu'on se doit, les uns, les autres, pour pouvoir tenter de trouver une solution viable pour la Nouvelle-Calédonie. Là, le 29 août, la confiance en a pris un coup.

Journaliste : Il reste que vous avez passé 16 mois à la tête du Congrès, vous avez été élu le 1er avril, votre élection a été cassée, vous avez été réélu le 19 août dernier. Pendant tout ce temps, vous avez mené un certain nombre d'actions, vous avez essayé de renouveler l'institution Congrès. De quoi est-ce que vous êtes le plus fier de tout ce que vous aviez fait au cours de cette année écoulée ?

Rock Wamytan : L'ensemble des textes que nous avons passés au niveau du Congrès, depuis l'année dernière, notamment les textes des transferts. Ça représente plus de 500 heures, on a fait le calcul, entre les 25 séances publiques dont nous avons tenues. Bon, n'en parlons pas du nombre de réunions des commissions. Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, sous ma candidature, a fait un travail vraiment exceptionnel. Nous avons mis en place, aussi, des dispositifs qui permettent que l'outil administratif du Congrès soit plus performant. Là, on a pratiquement terminé le travail à ce niveau-là. Sur la question de l'organisation proprement dite pour les élus, pour améliorer les conditions de travail des élus, il y a eu toute une série d'initiatives que j'ai prises aussi, notamment la mise en place d'un centre de documentation qui va fonctionner à peu près dans une quinzaine de jours. La venue de tous ces experts de Sciences Po Paris, tant pour les transferts sur le droit civil, droit commercial, que pour le diagnostic de l'économie calédonienne, ont permis aussi d'aider les élus à leur apporter un éclairage pour alimenter le débat démocratique au sein du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Bien sûr, toute la partie de la coopération interparlementaire, que j'ai vraiment développée, un de mes prédécesseurs, je crois que c'était Loueckhote, et ensuite, Martin, avait déjà signé un accord entre le parlement de Vanuatu et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie. J'ai renoué un accord avec le parlement du Vanuatu l'année dernière, et j'ai commencé à explorer des possibilités de coopérations interparlementaires avec les pays mélanésiens et l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Donc, c'est à ce titre qu'on a visité l'Australie, avec une délégation du Congrès, le parlement de Papouasie Nouvelle-Guinée, des îles Salomon, on a été à Fiji, etc. Et, la Nouvelle-Zélande, on a eu une grande discussion avec le ministre des affaires étrangères lorsqu'il est passé dernièrement. Donc, c'est toute cette coopération. Et là, maintenant, nous sommes en train de faire rentrer tout doucement la Nouvelle-Calédonie dans le réseau des parlements, ils appellent ça le Pacific Parlementary Network, c'est-à-dire sur le réseau du parlement du Pacifique. C'est un réseau qui est en lien avec l'union interparlementaire de tous les parlements du monde, qui regroupe à peu près 162 parlements du monde entier, et ils ont mis en place ce réseau dans le Pacifique. Et d'ailleurs, suite à notre visite en Australie, au mois d'avril dernier, nous avons été habilités, le Congrès a été invité à participer à ce Pacific Parlementary Network à Apia, au début du mois de juillet. Contrairement à ce que disait monsieur Rigoureau, là, à la télé, la dernière fois, j'étais choqué quand il a dit que monsieur Wamytan s'est beaucoup promené dans le Pacifique. Alors celui-là, il raconte n'importe quoi parce qu'il ne sait même pas ce qu'on fait exactement. Il devrait quand même s'informer avant de raconter des bêtises pareilles, surtout un grand jour comme ça, puisqu'il y avait des milliers de Calédoniens qui écoutaient. Je ne me suis pas promené, j'ai fait un travail qui consiste à faire quoi ? À faire en sorte que la Nouvelle-Calédonie s'intègre de plus en plus et de mieux en mieux dans sa région naturelle.

Journaliste : Est-ce qu'il y a des choses que vous regrettez de ne pas avoir eu le temps de faire, que vous vouliez faire avant de quitter…, ou vous auriez fait si vous aviez été réélu président ?

Rock Wamytan : Là, je pense que j'ai posé les bases de la réorganisation, de l'administration, et tout, de cette coopération. Les grands enjeux de société, c'est en place, là haut, avec la commission de la vie chère, etc. Nous avons voté, dernièrement, la commission spéciale avec les organisations patronales représentatives, donc ça y est, c'est mis en place, ils vont commencer à se réunir prochainement. Moi, j'aurais bien voulu poursuivre, parce qu'un an et demi, c'est trop court et c'est là où je suis d'accord avec certains responsables politiques aussi qui disent qu'il faut peut-être revoir le mandat des présidents, parce qu'un an, c'est trop court. Si vraiment on souhaite donner au Congrès, redonner au Congrès cette dynamique et ramener le débat parlementaire au sein même de cette institution, qui est la première institution du territoire, du pays, le mandat d'un an est un peu court.

Journaliste : Le mettre sur l'ensemble de la mandature.

Rock Wamytan : Par exemple, mettre sur l'ensemble de la mandature, ou peut-être, une moitié, par exemple, deux ans, deux ans et demie, un truc comme ça. Mais au moins, un président, lorsqu'il prend ses fonctions, il a une raison qui est dégagée devant lui. Mais quand on a qu'un an à peine, et puis après, il faut encore discuter à droite, à gauche, pour voir s'il faut être réélu ou pas, c'est un peu compliqué, quand même. Là, j'ai quand même eu la chance d'avoir été président du Congrès pendant presque 18 mois. Là, j'ai quand même pu faire des choses. Nous avons pris un certain nombre d'initiatives, j'espère en tout cas, comme je suis vice-président maintenant, j'espère en tout cas qu'avec le nouveau président, monsieur Gérard Poadja, s'il accepte, parce que c'est lui maintenant qui préside, de poursuivre dans ce…

Journaliste : Vous avez quand même été élu premier vice-président du Congrès. Vous allez travailler ensemble maintenant, vous allez partager vos idées ou vous pensez que ce ne sera pas possible de travailler ensemble ?

Rock Wamytan : En tout cas, moi, ce que je souhaitais voir avec le nouveau président et puis son équipe, c'est de savoir dans quel état d'esprit ils sont. Ils ont pris le Congrès, c'est pour faire quoi ? Est-ce qu'ils ont pris le Congrès pour en faire un bastion de résistance contre le Rassemblement UMP, contre l'Avenir ensemble, et peut-être contre les indépendantistes, en attendant 2014, pour mieux sortir plus fort en 2014 ? Ou l'autre option qui est plus sage, pour moi, et plus payant à terme : est-ce qu'ils ont pris le Congrès d'abord pour se faire reconnaître dans le paysage politique, mais aussi pour terminer le travail de cette mandature sur un certain nombre de textes relatifs aux transferts de compétences et faire en sorte d'amener le débat au sein de ce Congrès, et non pas de la contestation permanente qui fatigue, à la longue, les uns et les autres ? Moi, c'est la question que je leur pose. J'aurai la réponse lundi, parce que lundi, on fait la passation. Lundi après-midi, je ferai la passation officielle et coutumière, entre monsieur Wamytan, ancien président, et monsieur Poadja, nouveau président, d'autant plus que nous sommes des Kanaks et que nous arrivons à ces responsabilités-là institutionnelles importantes, mais il faut que ça se passe aussi dans un cadre coutumier. Et tout ça sera fait devant le personnel du Congrès, lundi après-midi. Et dans la foulée, j'aurai les discussions avec eux pour avoir les réponses entre les deux questions que je vais leur poser, soit la première option, ou la deuxième option.

Journaliste : Rock Wamytan, merci d'avoir accepté notre invitation.

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 00:01

Retranscription "mot à mot"

RRB mardi 28 août 2012

Journaliste : Dernière séance pour les élus du Congrès, dernière séance publique de la session administrative ordinaire, avant le renouvellement, demain, mercredi, du bureau et du président. Avant de boucler les travaux, Rock Wamytan a tenu à adresser ses remerciements, après 18 mois à la tête de l'institution.

Rock Wamytan : Je voudrais quand même vous remercier, mes chers collègues, parce qu'il s'agit de notre dernière séance, c'est un peu comme le dernier bal. Et puis, plus généralement, je souhaitais aussi remercier (monsieur?) le gouvernement, et puis l'administration avec qui, donc, nous avons (?) partenariat institutionnel très intéressant et très intense, depuis un an et demi maintenant, et puis bien sûr les groupes politiques qui m'ont porté à la présidence depuis l'an dernier. Les aléas de la vie politique ont changé la donne. C'est ainsi, c'est ni plus, ni moins, le jeu démocratique du pays. Donc, on en prend acte et je souhaite au prochain président tous mes vœux de réussite.

Journaliste : Et Rock Wamytan a tenu à saluer le travail de Vidjaya Tirou, le secrétaire général par intérim. Il a également indiqué aux élus qu'il leur avait transmis le bilan de sa mandature. Demain matin, c'est sous la présidence du doyen d'âge, en l'occurrence Évelyne Lèques, que les élus du Congrès se retrouveront, à 9 h, pour élire leur président et leur bureau. Une élection à l'issue incertaine, et qui a déjà fait couler beaucoup d'encre. Avant cet au revoir de Rock Wamytan, les élus avaient examiné le vœu déposé par Nidoish Naisseline, qui demandait l'application à la Nouvelle-Calédonie de la déclaration des Nations unies, relative au droit des peuples autochtones. Cette déclaration ratifiée par la France n'a pas de force contraignante, mais ce vœu a fait l'objet de débats de fond. Au cœur du dossier, la problématique de l'articulation des droits individuels et des droits collectifs, ou encore la compatibilité entre l'Accord de Nouméa et la déclaration des droits autochtones. Les commissions qui avaient examiné ce vœu avaient décidé de le formuler en soumettant l'application de cette déclaration au respect de la Constitution et de l'Accord de Nouméa.

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 23:36

Retranscription "mot à mot"

RNC Vendredi 10 août 2012

Journaliste : Dans le cadre du transfert de compétence du droit civil à la Nouvelle-Calédonie, prévu l'année prochaine ou en 2014, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie avait sollicité, au mois de mars dernier, une spécialiste de ces questions, Anne-Marie Frison-Roche, professeur à Sciences Po Paris. Elle a rendu son rapport, hier, au président du Congrès, rendu ses conclusions et des pistes de réflexion et de conseils pour les élus.

Journaliste : Et dans le rapport qu'elle a réalisé pour le compte du Congrès de Nouvelle-Calédonie, Anne-Marie Frison-Roche essaye de montrer que le transfert du droit civil, décidé par l'Accord de Nouméa, n'est pas lié à l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie :

Anne-Marie Frison-Roche : Le transfert du droit civil est un exercice d'autonomie normatif, mais n'est pas un exercice de souveraineté. Pourtant, comme il s'agit de faire des choix de société, ce sera un exercice de choix politiques.

Journaliste : Un exercice, mais aussi une véritable opportunité historique, soulignera cette professeure de droit à Sciences politiques. En tout cas, sa présentation a été très appréciée par le président du Congrès, Rock Wamytan :

Rock Wamytan : La présentation, pour ma part, a été vraiment très pertinente, elle a vraiment posé un cadre, puisqu'elle nous a présenté une méthodologie de travail avant que le transfert ne soit effectif.

Journaliste : Rock Wamytan qui a particulièrement salué le volet qui traite de l'adaptation de ce code aux réalités du pays :

Rock Wamytan : Un point qui est important, qu'elle a d'ailleurs développé avec des arguments juridiques à l'appui, c'est la question de l'adaptation du droit civil aux spécificités culturelles des populations de la Nouvelle-Calédonie et notamment de la population kanake.

Journaliste : Ce travail permettra aux élus politiques de bien comprendre quelle démarche il faudrait suivre pour aller vers des orientations qui tiennent compte des spécificités des différentes communautés existantes.

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