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  • Roch WAMYTAN
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie
  • Homme politique, membre de l'Union Calédonienne et du FLNKS, Signataire de l'accord de Nouméa en 1998, Président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès de la Nouvelle-Calédonie

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Présentation d'une loi de pays proposant le drapeau du FLNKS comme drapeau du Pays                   
   
Bilan des déplacements dans la région du président du Congrès (coopération interparlementaire)         
       

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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 07:48

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Roch Wamytan , président du Congrès et l’un des leaders du FLNKS, était au dernier comité des signataires . Il a profité de son déplacement à Paris pour se rendre à New York , à l’occasion de la quatrième commission des Nations Unies pour la décolonisation et de ses différentes rencontres pour aborder la question du corps électoral mais aussi les questions économiques comme celle d’une meilleure intégra ion de la Nouvelle -Calédonie dans sa zone géographique.

DNC : Vous revenez du comité des signataires et d’un déplacement à la commission des Nations-Unies où vous avez largement évoqué la question de la liste électorale spéciale…

Roch Wamytan : Suite à la création d’une mission politique citoyenneté, nous avons procédé à des travaux de vérification et nous avons trouvé des anomalies. Nous n’avons pas d’explications disons… officielles, mais on a constaté que des personnes ne répondent pas aux critères pour figurer sur la liste spéciale. Notre méthode est simple et je tiens à préciser tout d’abord que nous n’aurions pas pu faire ce travail si le Haut-commissaire n’avait pas mis la liste générale de 1998 et le tableau annexe à la disposition de nos délégués. Cela faisait pourtant un certain nombre d’années que nous les avions demandés. Nous avions fait des courriers au Haut-commissaire et même au Premier ministre de façon à ce que ce travail soit fait en toute transparence et que les commissions de révision des listes électorales présidées par des magistrats puissent avoir accès à ces listes. Jusquelà, on nous répondait que le tableau élaboré avant le référendum de ratification de novembre 98 était perdu.

DNC : On vous reproche de ne pas avoir signalé ces « anomalies » plus tôt, d’avoir attendu la veille des élections…

Roch Wamytan : La raison est toute simple. le Haut-commissaire vient seulement de nous permettre l’accès à ces documents, pas plus de deux mois, et ce n’est pas faute de les avoir demandés. Et désormais, tous les bureaux de vote au niveau des communes pourront disposer des listes générales de 98 et du tableau annexe.

 DNC : Ce qui n’était pas le cas avant ?

Roch Wamytan : Eh bien non, ce n’était pas le cas. Et pour répondre à la question précédente, nous n’agitons pas le chiffon rouge à la veille des élections. J’insiste là-dessus, nous ne souhaitons exclure personne, nous voulons simplement que l’Accord de Nouméa soit respecté. Si quelqu’un peut expliquer les anomalies que nous avons constatées dans le cadre de l’Accord de Nouméa et bien cela n’ira pas plus loin, c’est tout. Et l’accès à la liste et au tableau était une chose essentielle pour vérifier que la loi soit respectée, nous n’en demandons pas plus. Nous avons donc commencé le travail sur la liste spéciale de 2011 et maintenant en 2013 puisque la commission de révision a eu lieu.

DNC : Sur quelle base ou quels critères faites-vous les vérifications ?

Roch Wamytan : Nous avons ciblé un public de personnes nées hors du territoire avant le 31 octobre 1980, c’est-à-dire ayant eu 18 ans au moment du référendum de ratification de l’Accord de Nouméa. Si l’une de ces personnes est sur la liste spéciale, normalement, on la retrouve sur le tableau de 98. Or, il s’est trouvé qu’il y a des cas de personnes qui ne répondaient pas à cette exigence. Quelques dizaines de cas n’auraient pas été graves mais là, cela porte sur des dizaines, des centaines et, par estimation, on peut aller jusqu’à plusieurs milliers de personnes. à partir du moment où ça peut avoir un impact sur le déclenchement du référendum d’autodétermination, nous avons estimé qu’il était de notre devoir de dire à l’ONU qui en 1986, a réinscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser.

DNC : Vous avez demandé une mission d’observation du processus électoral des Nations-unies, qu’en attendez-vous ?

Roch Wamytan : Il faut que l’exercice du droit à l’autodétermination se fasse dans les meilleures conditions possibles et l’ONU est là pour y veiller. S’il s’agissait d’une simple élection de renouvellement des assemblées de provinces, à la limite on l’aurait signalé, sans plus. Mais là, nous ne comprenons pas comment les commissions de révision ont laissé passé ça. Si les commissions de révision, présidées par des magistrats français, ne nous font pas confiance, à ce moment-là nous devons nous tourner vers l’ONU. Si le corps électoral est faussé ou tronqué cela touchera à la sincérité du vote.

DNC : Dans un tout autre registre, vos différents déplacements ont été l’occasion d’aborder des thèmes économiques et notamment celui de l’intégration régionale. Quel a été plus précisément l’objet des discussions ?

Roch Wamytan : Tout le monde parle de l’intégration régionale et donc de la place de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement. Nous sommes dans un pays mélanésien, à 18 000 km de la France et de l’Europe. Et nous partons aussi du principe que les organisations régionales sont en train de se constituer, de se renforcer et de se structurer. Il y a notamment le Forum des Iles du Pacifique mais aussi une organisation subrégionale dans laquelle la Nouvelle- Calédonie est partie prenante par le biais du FLNKS : le groupe du Fer de lance mélanésien. Elle prend de plus en plus d’importance du fait qu’elle représente l’ensemble des pays mélanésiens avec la Papouasie-Nouvelle Guinée, les îles Salomon, Fiji et le Vanuatu. Lorsque l’on se sera mis d’accord, on pourra envisager d’avoir un siège à part entière ou un siège d’observateur dans les années qui viennent. Et son importance est évidente, plus de 92 % des terres de la région, hors Australie et Nouvelle-Zélande, et plus de 85 % de la population est là, dans le monde mélanésien. Nous sommes plus de 10 millions de personnes ce qui représente un marché important. Et on constate que le centre du monde se déplace vers nous, vers la région Asie-Pacifique. Il faut jouer cette carte à fond. Nous devons prendre en main notre destin dans cette région du monde qui est le centre de la croissance mondiale et nous avons un potentiel.

 DNC : Notre économie est tout de même peu compétitive. Le potentiel dont vous parlez est-il constitué de nos ressources naturelles ?

Roch Wamytan : Oui, notre économie est peu compétitive mais nous avons effectivement un potentiel immense en terme de ressources naturelles. Le monde mélanésien est en train de s’organiser. Après avoir été sous la domination des grandes puissances, il faut maintenant que l’on s’organise et que l’on trouve notre place dans le Pacifique qui est notre région. Pour que nos économies se structurent, il faut poser des jalons et créer des partenariats. La Papouasie, les îles Salomon, ils ont du nickel. L’Indonésie aussi. C’est un des pays les plus importants en matière de nickel. Demain on pourrait imaginer mettre en place des organisations entre nous et l’Australie sur le marché du nickel et pourquoi pas constituer une organisation de style OPEP.

DNC : Mais emprunter cette voie n’est-ce pas se heurter aux intérêts stratégiques de la France ?

Roch Wamytan : C’est tout le problème de la France qui a ses intérêts dans le Pacifique et dans le monde. Cela se négocie, mais nous qui sommes indépendantistes, il est évident que nous défendons avant tout l’intérêt de notre pays. La France est suffisamment grande pour défendre ses propres intérêts. On peut imaginer des partenariats, nous sommes liés par la langue, la culture et l’histoire, mais nous sommes sous tutelle. Nous avons un potentiel, nous avons un pays à construire et une vision. En tant que responsables indépendantistes, nous défendons d’abord l’intérêt du pays et de ses habitants. Le lien avec la France c’est une question politique. Mais on entend souvent que la Calédonie est l’un des porte-paroles de l’Europe dans le pacifique. Nous ne sommes pas sur cette ligne-là, nous n’avons pas à porter la parole de qui que ce soit. Nous avons à porter notre parole et celle de la population calédonienne dans le Pacifique.

DNC : Vous parlez de partenariats avec des pays de la région, ne redoutez-vous les appétits de la Chine, notamment en matière de nickel, qui est déjà en contact avec la SMSP ?

Roch Wamytan : La Chine est un partenaire économique puissant et qui a d’énormes besoins. Nous ne pouvons pas être tout seul. C’est pour cela qu’il faut être dans des organisations régionale puissantes, les rendre encore plus fortes et notamment le Fer de lance et le forum du Pacifique, et être en relation avec des pays asiatiques, comme l’Indonésie. L’Indonésie cherche aussi sa route au niveau du nickel, à avoir notamment la main sur ses réserves de nickel. Avec la distribution des ressources qu’il y a dans les pays mélanésiens et en Indonésie, comment fait-on pour construire ensemble face à la Chine ? On peut y arriver mais il faut des discussions. C’est aussi dans cette optique que l’on va participer à une mission en Indonésie dans 15 jours dans le cadre d’une conférence internationale sur le nickel à Jakarta.

DNC : On parle beaucoup de nickel mais l’économie calédonienne ne se résume pas non plus seulement au nickel. En s’intégrant davantage dans notre région, n’y a-t-il pas un risque de se faire avaler par des économies comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ?

Roch Wamytan : Il faut le faire par étape. L’approche arrêtée par les accords de libre-échange du Forum des îles du Pacifique, dits PICTA, vont se faire en deux temps. Le premier accord commercial concerne les États insulaires et s’échelonne sur une durée déterminée de façon à ce que les économies puissent se moderniser et se structurent afin d’avoir des échanges gagnantgagnant. Le deuxième temps sera d’amener tous ces pays à un niveau qui leur permette d’échanger librement avec la Nouvelle- Zélande et l’Australie. Au niveau du Fer de lance, l’accord passé en 98 devient une réalité et se concrétise depuis 2006-2007 sur une liste de produits donnés. Il est prévu dans le texte que la Calédonie ait toute sa place pour être partenaire de cet accord. On attend plus que le gouvernement ouvre ce dossier. Mais cela implique que nous aussi nous fassions un travail. C’est ce que l’on est en train de faire avec les accords économiques et la commission fiscalité… Dans le but de moderniser l’économie calédonienne et de pouvoir intégrer des accords de libre échange avec les pays mélanésiens et avec les pays du forum des îles.

 

propos recueillis par Simon Govelle

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